A tous les membres et
alliés de la famille.
Présentez ici vos
ancêtres en nous envoyant vos propositions, en alliant textes et photos.
Présentez les événements qui ont le plus marqué votre famille en respectant
la chronologie. Si vous avez retrouvé de vieux parchemins et blasons, vous
pouvez par exemple les présenter ici.
Exemples de l'histoire
de noms de familles proches:
Le nom d'origine de la famille DUBICH d'Alsace est DUBACH. Les premiers
DUBICH apparaissent encore sous le nom DUBACH en Alsace pendant quelques
années, après leur arrivée de Suisse, en 1670. En septembre 1686, le curé de
Merxheim J.-M. STIPPICH note encore DUBACK lors des confirmations, mais
quelques mois plus tard, il commet une erreur qui se maintiendra pour
toujours à Merxheim : le 23 mars 1687, DUBACH devient DUBICH. Cependant, le
fondateur de la lignée continuera de signer son nom avec le « A » d'origine
jusqu'en 1695.
Les DUBICH descendent d'une famille suisse très ancienne trouvant son
origine à Saanen-Gstaad et Rougemont au XIIIe siècle. Ce n'est qu'au XVIe
siècle (1572, 1579 et 1595) qu'une branche partit dans le canton de Lucerne
d'où l'ancêtre des DUBICH est venu s'installer en Alsace en 1670, après la
Guerre de Trente Ans. Suivons donc ces migrations chronologiquement.
Les premières mentions des ancêtres des DUBICH se trouvent aux abords de la
Sarine (die Saane) au XIIIe siècle. En 1312, on connaît une propriété
appartenant à la famille Dou BAC, à l'endroit de l'actuel lieu-dit Ebnit,
entre Saanen (en français Gessenay) et Gstaad. Les deux villages sont
distants d'environ 2 km, et Gstaad fait partie de la commune de Saanen.
À l'époque, toute cette région appartenait aux comtes De GRUYÈRE, comme le
Pays-d'Enhaut voisin (env. 4 km à l'ouest) ; aujourd'hui, le Gessenay ou
Saanenland fait partie du canton de Berne, et le Pays-d'Enhaut fut intégré
après la Révolution au canton de Vaud.
Cette famille Dou BAC est représentée par une dizaine de chefs de famille
nés entre 1255 et 1280 et prénommés Rodulphus, Heyny, Thomi, Yanny,
Borcardus, Petelly, tous des frères, cousins germains ou éloignés. La
famille vit là depuis longtemps - peut-être depuis le XIIe siècle -, et son
nom provient de la propriété familiale appelée encore « ou bach » dans un
document de 1341, ce qui signifie « am Bach ». La propriété se trouve en
effet entre deux ruisseaux : l'Erbserenbach au nord-ouest, et le Bac
superius (ou Oberer Bach) également appelé Grubenbach, au sud-est.
En 1324, les membres de la famille se nomment Petellinus et Heyny, fils de
Rodolphus et de son épouse Agnes ; il y a aussi Welty dou BAC et son épouse
Migna, ou encore Petrus et Heny... Leurs liens de parentés et leurs biens
sont dûment connus.
Le patronyme Dou BAC, qui deviendra Dou BACH au cours du XIVe siècle,
signifie donc « celui qui habite près du Bach », ou « du Ruisseau », en
traduction actuelle. D'autres familles de Saanen portaient une telle
particule antique « dou » signifiant « du » en français moderne : les Dou
SAUCEWATER ou Von SALZWASSER, les Dou STAT devenus plus tard ZUMSTEIN, les
Dou WILER, Dou PONTE (= DUPONT), Dou CHASTELLET...
Les Dou BACH de Saanen-Gstaad sont apparentés au XIVe s. à la vieille
famille De GISSINEY ou Von SAANEN, et certainement aux Von REICHENBACH (De
RIEQUIBAC, en 1312), leurs voisins immédiats, venus sans doute à la fin du
XIIIe siècle de la forteresse de Reichenbach, village peu éloigné.
Avant 1312 déjà, Thomi Dou BAC avait vendu dix fauchées de sa terre à Wylly
De GISSINEY (Von SAANEN). Jacobus Dou BACH, neveu de Wouterius De GISSINEY,
percepteur du comte De GRUYÈRE (gräflicher Pfänder), possédait déjà un
patrimoine foncier remarquable en 1324, tel que le décrivent les documents
de l'époque.
Les Dou BACH deviendront au fil du temps les Du BACH ou DUBACH pour une
branche se raréfiant à Saanen-Gstaad, et les BACH pour une autre branche.
Ici, la famille DUBACH est en effet devenue très peu représentée, voire
momentanément éteinte. Très tôt, les DUBACH migreront vers d'autres contrées
germanophones, mais c'est surtout à Rougemont, village voisin et
francophone, que la famille prospèrera.
Aujourd'hui, les DUBACH sont éteints à Saanen, mais la branche des BACH est
encore très bien représentée dans le Saanenland. Une famille BACH vit encore
à Ebnit, à l'entrée de Gstaad, presque à l'endroit exact où se trouvait la
propriété du XIIIe siècle.
Au fil des siècles, les DUBACH et les BACH - les deux branches issues de la
même souche - se sont unis à pratiquement toutes les familles du Saanenland :
HALDI, Von
SIEBENTHAL, LEHMAN, JAGGI, HAUSWIRTH, SCHOPFER, ZWAHLEN, MEZENEN,
(Von) REICHENBACH, BRAND, Von GRÜNIGEN (cf. le célèbre skieur Michael von
GRÜNIGEN), PERETTEN, WÜRSTEN, STEFFEN, RUFY, GANDER, etc. La plupart de ces
familles sont extrêmement anciennes à Saanen : plus d'une remonte au début
du XIVe siècle, certaines allant au-delà, comme les PERETTEN, connus près de
Château-d'Oex en 1276 et à Saanen en 1361, ou les Von GRÜNIGEN, chevaliers
D'ÉVERDES (près de Gruyères où ils sont cités dès 1136) dont l'un, Aymon D'ÉVERDES,
reconstruisit l'église de Rougemont en 1450, ou encore les Von
SIEBENTHAL, barons connus dès 1175 dans l'entourage du Duc De
ZÄHRINGEN et apparaissant à Saanen.
À environ quatre kilomètres de là, après avoir franchi l'étroit défilé du
Vanel ou des « Allamans » (sans doute du francique « alod » dont
l'équivalent allemand est « Allmend » = terre libre de droits), frontière
linguistique matérialisée par le ruisseau des Fenils ou Grischbach, au point
de rencontre exact entre les Burgondes et les Alamans venus jadis en ces
lieux, on arrive en terre francophone : à Rougemont, les Dou BACH sont
attestés en 1340, mais les extentes de 1276 y mentionnent déjà la famille
sous une forme romanisée, Dou TORRENT, traduction littérale de Dou BACH :
les patronymes sont alors encore très fluctuants et « translinguistiques »,
en particulier entre les versions écrite et parlée. La famille Von GRÜNIGEN
aussi voit son nom fluctuer entre D'ÉVERDES, De WERDES, De WERDI et la
version allemande de ce nom (grün = vert) : les patronymes traversent
facilement les langues, à l'époque, en particulier dans cette région
bilingue (Château-d'Oex/Oesch, Gruyère/Greyerz, Rougemont/Rötschmund/Retschmund/Rotenberg/Rotberg,
Gissiney/Gessenay/Sanon/Saanen, Dou BAC/Dou TORRENT).
Rougemont et son prieuré clunisien parlent le français ; cependant, dans les
quartiers à l'est du village résident quelques familles en partie
germanophones : les Dou BACH, qui deviendront là aussi des Du BACH ou DUBACH,
font sans doute partie de ces familles bilingues de Rougemont ; les mariages
avec des jeunes filles de Saanen, l'installation de certains Du BACH dans ce
village germanophone et les inscriptions bilingues sur certains chalets
(voir plus loin) démontrent à plusieurs reprises qu'ils ont conservé l'usage
de l'allemand de leurs aïeux des XIIIe et XIVe siècles. Les Du BACH vivent
essentiellement aux Allamans et au Vanel, à l'est de Rougemont où se situe
la limite des langues.
Le château du Vanel, aujourd'hui ruiné, est alors la place-forte avancée des
comtes De GRUYÈRE pour le Gessenay. Ce sont les censiers du Vanel qui,
justement, donnent une idée si précise de la composition de la population de
la région au fil des premiers siècles, avant la faillite de la famille
comtale en 1555. Pour Rougemont, c'est le prieuré clunisien fondé vers 1080
par les comtes qui percevait l'impôt.
La ruine du château du Vanel marque la limite des langues française et
allemande entre Rougemont et Saanen-Gstaad. Bilingues, les Du BACH ou DUBACH,
ancêtres des DUBICH alsaciens, vivaient pour la plupart ici (Le Vanel et la
vallée de Rougemont, détail de l'oeuvre de François MULLER, 1795).
À Rougemont, les DUBACH seront apparentés à pratiquement toutes les familles
anciennes du lieu et à quelques-unes de Château-d'Oex, village voisin : de
nombreux mariages les unissent aux COTTIER, connus là dès 1276, aux ROSSIER
(1388), aux YERSIN (1511) (cf. le Dr. Alexandre YERSIN qui trouva le vaccin
contre la peste au XIXe s.). Les DUBACH sont aussi apparentés aux BOVAY
(1379), BUENSOZ (1340), HENCHOZ (1376, famille de Château-d'Oex), LOUP
(1461) (cf. le cartographe du XVIIIe s. Samuel LOUP), JAQUILLARD (1475), aux
MANGE (v.1520), aux DESCOULLAYES (1372, famille de Château-d'Oex), aux
ALLAMAN(D) (1456), etc.
En 1401, Saanen (ou Gessenay) signe un traité de combourgeoisie avec Berne.
Malgré la réticence du comte De GRUYÈRE, le Pays-d'Enhaut (Rougemont,
Château-d'Oex, etc.) en fait de même en 1403. Ces traités obligent les
habitants à soutenir les Bernois dans leurs tirées militaires, et en
contrepartie, Berne s'engage à leur venir en aide au besoin et ouvre aux
montagnards les portes des villes, par exemple pour y vendre leurs produits
au marché. Ce traité permettra aussi à des membres de la famille de gagner
Berne, le Simmental et l'Emmental où les DUBACH sont nombreux aujourd'hui
encore.
En 1436, à Château-d'Oex, on note la mention d'une famille DUBATH (= DUBACH)
qui apparaît également à Rougemont en 1461. Cette mention ne signifie pas
nécessairement que des DUBATH vivent alors à Château-d'Oex : le village de
la famille est Rougemont, mais les hommes des deux villages font leurs armes
ensemble, et il est possible que la famille possède des terres à
Château-d'Oex. Une nouvelle variante du nom apparaît donc, avec une finale
plus adaptée à cette région francophone. De nombreuses autres formes
viendront et repartiront, selon les époques : toutes oscilleront entre les
prononciations « Duba », « Dubatt », « Dubach » et « Duback », soit Du BAST,
DUBAT, DUBAS, Du BAS, Du BAT, Du BAZ, DUBATH, Du BACH, DUBACH, DUBAC... Il
s'agit cependant toujours de la même famille.
Lorsque le Duc de Bourgogne Charles le Téméraire combat les Suisses, alliés
du roi de France Louis XI, à Morat en 1476, Heynot du BACH du Pays-d'Enhaut
se bat aux côtés du comte De GRUYÈRE. L'armée suisse remporte la victoire.
Le Duc de Bourgogne s'enfuit et doit abandonner ses trésors qu'il emportait
partout avec lui. Cette prise de guerre est encore visible au château de
Gruyères, devenu musée.
Les DUBACH ne restent donc pas tous à Rougemont et Saanen-Gstaad mais
partent s'établir plus ou moins loin : en 1502, on connaît un Heyni DUBACH à
Reichenstein près de Zweisimmen, à une douzaine de kilomètres de Saanen.
Claus TUBACH est cité en 1528 dans l'Amt (district) Oberhasli dont la ville
principale est Meiringen (env. 80 km au N-E). En 1530, un Peter THUBACH est
mentionné à Amsoldingen (à env. 35 km, sur la route menant à Berne, près de
Thoune) ; en 1531, au même endroit, il est nommé Petter TUBACH. En 1548,
c'est à Grodey (St Stephan, près de Zweisimmen, à env. 12 km) qu'il est
question d'Annj THUBACH, la veuve de Peter THUBACH. Le 7 février 1558,
Barbara DUBACH épouse Jakob HALDI à Lützelflüh, village situé entre Berne et
Willisau, dans l'Emmental ! Les deux noms de familles sont typiques de
Saanen et donc déjà cités dans cette région éloignée d'environ 80 km au
nord-est de leur berceau, en 1558. Cependant, ce n'est qu'un demi-siècle
plus tard que les DUBACH feront souche à Lützelflüh par les mâles (v.1608).
Nous ne sommes qu'à quelques kilomètres du canton de Lucerne où il n'y a pas
encore de DUBACH, à cette époque-là (au XVIe siècle, tous les DUBACH de
notre souche sont encore dans le comté de Gruyère et le canton de Berne
uniquement).
À Saanen, Anthoni DUBACH, né vers 1505, marie vers 1550 sa fille Margreth à
Ulrich WÜRSTEN. Plusieurs familles DUBACH vivent là, côté germanophone.
Certains DUBACH de Saanen sont dits originaires de Rougemont (comme Hans, en
1571) dans les registres paroissiaux commençant en 1557 ; d'autres sont dits
de Gstaad (l'autre Hans, en 1559, 1562, 1563 etc.). En 1585, on rencontre
aussi un Andres DUBACH originaire de Galmiz (près de Morat), apparemment
revenu sur les terres de ses ancêtres du Saanenland. Cet André DUBACH doit
être de la famille de Joannes DUBA qui épousa à Gundolsheim, en Haute-Alsace,
Anna WELCKER, le 6 février 1606 (voir plus bas).
Si la famille DUBACH est moins nombreuse à Saanen et Gstaad que d'autres
familles locales, on peut néanmoins compter environ six ménages, côté
« allemand », à cette époque-là. Les conjoint(e)s s'appellent Maria RUFI
(mariage v.1556 ; Jakob RUFI était le « Kastlan » ou châtelain de Saanen
entre 1557 et 1564), Anna STEFFEN (v.1570), Christen HAUSWIRTH (en 1591 ;
Simon était châtelain en 1585 et Bendicht entre 1591 et 1626), Dorothea
REICHENBACH (en 1591), Anni PERETTEN (en 1597 ; Heinrich était Landesvenner
en 1445, un autre Heinrich sera châtelain en 1654), Barbli SCHWENTER (1600),
Anthoni BLATTI (1604), Margreth MARTING (v.1607), Apollonia HALDI (1608),
Steffan WÜRSTEN (v.1617), Apollonia GANDER (v.1622 ; Wilhelm était châtelain
entre 1474 et 1500, Peter entre 1514 et 1522)... Les De WERDI ou Von
GRÜNIGEN sont aussi cités régulièrement comme parrains ou marraines.
Parfois, lors des baptêmes, les patronymes des mères ne sont pas indiqués,
comme pour Frantz DUBACH et son épouse Gloda, en 1583 (vraisemblablement un
nouveau couple venu de Rougemont : François et Claudaz).
À Rougemont, il y a beaucoup plus de branches qu'à Saanen et Gstaad. Né vers
1430, Aymond du BACH de la Condémine est l'ancêtre de la plupart des membres
de la famille : Jean, né vers 1450, puis Pierre, né vers 1470, par exemple.
Vers 1495 naissent, entre autres, Nycod, Mermet et Françoys du BACH. En
fait, leur nom sera plutôt écrit Du BAST vers 1520 ; la forme Du BACH ou
DUBACH reviendra un peu plus tard. Nycod sera le père de Loys, et Mermet
celui de Claude du BACH, futur époux de Perrisson. Vers 1550, Loys du BACH
épousera Claudaz, la fille de Jehan YERSIN (famille de notaires établis près
du Vanel depuis 1511).
Il y a par ailleurs Pierre du BACH, né lui aussi vers 1495, père d'un autre
Nycod, et grand-père de Françoys, Pierre, Nycod et Loys. Ce Loys sera le
père d'un Guilliaume, notamment. Pierre aura plusieurs enfants lui
aussi (vers 1550) : par exemple Anthoyne, qui épousera Christine, fille de
Jacques JACQUILLARD ; il y a aussi Jacquette, Claudaz, Loyze et Claude du
BACH, qui épousera Jehannette du BACH, la fille de Mermet.
Dans la famille Du BACH de la branche suivante, à Rougemont toujours, on se
prénomme Jehan, Jacquette, Jennette... Quant à Jehan du BACH, né lui aussi
vers 1490, il est le père de Jehan qui aura avec son épouse Marye des
enfants adultes vers 1570 prénommés Loys, Jehan et Claude (voir illustr.
plus bas). La famille est donc très importante à Rougemont au milieu du XVIe
siècle. Entre 1582 et 1592, par exemple, on comptera plus de trente
naissances dans les différentes familles Du BACH du village.
Fin 1555, Michel, le dernier comte De GRUYÈRE, est criblé de dettes. Ses
principaux créanciers, Berne et Fribourg, se partagent ses terres : Fribourg
reçoit la partie située au nord (Gruyères, Enney, etc.) qui restera
catholique, et Berne s'approprie le Saanenland et le Pays-d'Enhaut : Saanen,
Gstaad, Rougemont, Château-d'Oex et Rossinière deviennent protestants.
La Réforme est très difficile à mettre en place dans ce nouveau bailliage
dit de Gessenay (Vogtei Saanen) : la population est hostile au
protestantisme et aux nouveaux maîtres bernois, ce qui entraîne brimades et
amendes en grand nombre. Certaines familles s'enfuient alors en terre
catholique : à Fribourg et même à Lucerne. C'est notamment le cas d'une
branche de la très ancienne famille COTTIER qui s'installe alors à
Bellegarde (Jaunpass). Quelques Du BACH ou Du BAST en font de même et
gagnent Enney, en terre fribourgeoise et catholique, où des membres de la
famille vivaient déjà depuis environ 1530. Pierre du BAST baptise son fils
François en 1560 à Gruyères. Trente-trois ans plus tard, Théodole du BAST
sera adjoint au gouverneur, suivi de plusieurs autres. Leurs descendants
vivent toujours dans le canton de Fribourg sous le nom de DUBAS, à l'heure
actuelle. Le Dr. Jean DUBAS, président de la Société d'Histoire du canton de
Fribourg, auteur de nombreux ouvrages historiques et d'armoriaux, décédé le
30.03.2003, était un descendant de cette lignée.
Rougemont, 1574 : une douzaine de familles Du BACH vivent au village. Sur
cet exemple des reconnaissances, on lit : « Jehan, Loys et Claude, enfans de
feu Jehan, fils de feu Jehan du Bach, faicte par ledict Jehan du Bach ». Ce
dernier Jehan est né vers 1490.
Les membres de la famille restés au Pays-d'Enhaut et à Saanen-Gstaad
deviennent donc protestants, à la fin de l'année 1555. En 1572, 1579 et
1595, trois hommes de la famille partent s'installer dans le comté
catholique de Willisau (canton de Lucerne) : Jacques, Guilliaume et Jehan
DUBACH (ce dernier est par exemple le fils de Louys DUBACH et de Berthe DES
COULAYES de Rougemont) vont fonder la branche lucernoise de la famille : à
Willisau et surtout à Luthern, eux et leurs descendants épousent des JENNER
(avant 1585), GSEGNET (v.1595), RÄBER (1600), BERGER (1603), ROTH (avant
1606), WECHSLER (1606), BERING (1606), RUPP (1612), MÜLLER (1625), BIRCHER
(1616, 1620, 1626), EGGERMANN (1627), MÜLLER (v.1630), HAGMEISTER (1631),
WOLFISBERG (v.1632), RINDERKNECHT (v.1640), HILTBRUNNER (1647), RIEDWEG
(1649), STEFFEN (v.1688), etc. Dès les premières années, les DUBACH
apparaissent comme parrains, marraines et témoins lors de mariages et
s'installent dans d'autres villages du district de Willisau comme Zell,
Hergiswil, Ufhusen, Grossdietwil-Altbüron, dès le XVIIe siècle. Les
variantes DUBACK, TUBACH, TUBACK... fleuriront dans ce canton : le nom ne se
stabilisera qu'au XIXe s. en DUBACH ou DUBACK.
Non loin de là, la famille DUBACH est représentée à Signau dans l'Emmental
(canton de Berne) dès le XVIe siècle avec Elias DUBACH. À Lützelflüh, où la
famille est représentée depuis environ 1608, le Landschreiber Niklaus DUBACH
rendra possible en 1653 l'arrestation de Niklaus LEUENBERGER, meneur des
paysans né vers 1615. Torturé au château de Trachselwald, LEUENBERGER, qui
est aujourd'hui considéré comme un héros, sera condamné à mort et exécuté
comme de nombreux autres rebelles. Niklaus DUBACH sera quant à lui
récompensé d'un Gobelet d'Argent...
Dans l'Emmental et le Simmental, les DUBACH sont apparentés à de nombreuses
familles : Von ALMEN, LEUENBERGER, WYSSMÜLLER, Von NIEDERHÄUSERN, Von GUNTEN,
ROHRBACH, BALMER, FANKHAUSER, LÜTHI, SIEGENTHALER, NYFFENEGER, Von KÄNEL,
STAUFFER, HESS, GUGGISBERG, NEUENSCHWANDER, SALZMANN, SCHAFROTH, RÜFENACHT,
RENTSCH, HALDIMANN, MISCHLER, BADERTSCHER, ÄSCHBACHER, RAMSAYER, STEINER,
BRECHBÜHL, LUGINBÜHL, BOSSHARD, DREYER, SCHEIDEGGER, BURKHALTER, BICHSEL,
THEILKÄS, DELLENBACH, WYMANN, BERGER, BURGER, ZBINDEN, ZAUGG, BACHMANN,
WIDMER, FLÜCKIGER, RÜEGSEGGER, WEHREN et des dizaines d'autres...
Actuellement, les DUBACH sont très nombreux dans le canton de Berne ; en six
siècles, la famille s'est considérablement agrandie dans les vallées de
l'Emme, de la Simme, comme dans l'Oberland bernois...
Dans le canton d'Uri, au sud de Lucerne, on trouve une famille vivant
d'abord uniquement dans cette région au c½ur de la Suisse : les DUBACHER
(dès env. 1646 dans les RP d'Erstfeld, puis de Wassen, Gurtnellen, Isenthal,
Silenen, Altdorf, Göschenen...). Cette famille aussi est originaire de
Rougemont (« von Retschmund »). Nouvelle variante du nom DUBACH ! Déjà
installés ici depuis quelque temps, Sabastian et Johannes devinrent
bourgeois du canton d'Uri en 1651, et Peter en 1657. La famille donna à Uri
des conseillers et des fonctionnaires et porte les armoiries très proches de
celles d'une partie des DUBACH de Lucerne (voir description plus bas).
Un Caspar DUBACHER, originaire de Fischbach (paroisse de Grossdietwil, comté
de Willisau, LU) décèdera à Rouffach (Ht-Rhin) en 1659. À Cernay, c'est une
Elisabeth DUBACHERin qui hérite en 1729 de Simon KAST qu'elle avait épousé
en 1710. En fait, il s'agissait là d'une DUBACH, mais ces deux cas montrent
que la variante DUBACHER existait aussi pour les DUBACH du canton de
Lucerne, soit par déformation, soit par déclinaison des patronymes au
féminin.
Dans le canton de Thurgovie, tout près du Lac de Constance, on trouve dès la
fin du XVIe s. une famille DÜBACH très peu nombreuse. Cette famille vivait à
Arbon, Kesswil et Dozwil et est aujourd'hui éteinte. Comme on trouvait jadis
des cas assez isolés de DÜBACH dans le canton de Berne (prononciation
probablement française et issue de Rougemont), on peut envisager que l'un de
ces DÜBACH ait fondé la branche de Thurgovie, mais ce n'est là qu'une
hypothèse. À noter aussi l'existence d'une commune nommée Tübach (canton de
St-Gall) sur le Lac de Constance, tout près d'Arbon et dont le nom était
Tiuffenbach en 1291. Des DUBACH vivent aujourd'hui dans cette partie de la
Suisse, comme dans la plupart des cantons de la Confédération. L'origine de
cette souche, comme de la souche de DÜBACH, n'a pas encore pu être
déterminée avec précision.
Le tout premier membre de la famille connu en Haute-Alsace est un Johannes
DUBA « ex Mord Helvetia pago » (« Mord » doit être une graphie phonétique, «
Moret », donc Morat (Murten)). DUBA est l'une des variantes de DUBACH
(apocope rencontrée aussi à Rougemont, par exemple sur un chalet construit
en 1731 au Vanel pour Esther DUBA et son mari Jehan BOVAY). C'est M. Alain
ECKES qui a relevé son nom dans les registres de la paroisse de Gundolsheim dont
il a réalisé le SaiRePa : le 6 février 1606, Johannes DUBA épouse Anna
WELCKER dans ce village. Johann RICHT, Johannes MOGLIN (MOEGLEN) et Urban
ZIPFEL sont les témoins de ce couple qui n'apparaîtra plus ensuite dans les
registres du village. Mais ce n'est pas de Johannes DUBA que descendent les
DUBICH dont les ancêtres sont encore en Suisse jusqu'en 1670...
Blason de la branche DUBACH de Rougemont
Il existe plusieurs blasons pour les DUBACH, selon les branches de cette
famille. Nous en décrivons ici quelques-uns. La branche restée à Rougemont
porte « D'azur au bouquetin d'argent saillant d'un mont de trois coupeaux de
sinople » (Armorial vaudois) ; néanmoins, sur un vitrail datant de 1656, le
bouquetin est représenté avec des cornes, des sabots et des attributs
sexuels d'or et une barbe de sinople (R. LOUP le décrit ainsi dans son
armorial, et c'est sous cette forme qu'il est exposé au Musée du Vieux
Pays-d'Enhaut de Château-d'Oex). Ces armes sont portées par les DUBATH et
les DUBAS.
Les DUBACH du canton de Berne portent, selon les branches, différentes armes
parlantes assez proches les unes des autres et représentant généralement un
pigeon et une rivière (Dub+Bach), souvent accompagnés d'une étoile. La
branche d'Eggiwil (BE) porte quant à elle « Coupé d'or à l'aigle de sable et
gironné de gueules et d'argent ».
La branche lucernoise porte deux blasons distincts. Les DUBACH de Hellbühl,
Hergiswil, Hüswil, Langnau, Zell, Luthern, Neuenkirch, Ohmstal, Pfaffnau,
Romoos, Rothenburg, Ufhusen et Willisau-Land portent « De sinople au soc de
charrue d'argent posé en pal pointe haute, accompagné de trois étoiles (à
six rais) de gueules, deux en chef et une en pointe ». Les familles DUBACH
de Lucerne, Oberkirch, Grosswangen portent « D'azur à la fasce du même
alésée et bordée d'argent, accompagnée en chef d'une fleur de lis de gueules
et en pointe d'une étoile (6) d'or ».
Ces armes sont très proches de celles des DUBACHER du canton d'Uri
originaires de Rougemont au XVIIe siècle et qui se lisent : « Coupé d'argent
à une fleur de lys de gueules et d'azur à une étoile d'or, à une muraille
d'argent brochant sur le trait du coupé » (Dict. Hist. Suisse).
Les DUBICH portent « D'or à la fasce ondée abaissée de sable, à l'étoile à
six rais de gueules, au franc-quartier. Cimier : l'étoile dans un vol de
grue de sable. Tortil et lambrequins d'or et de sable ». Ces armes
reprennent des éléments héraldiques de blasons familiaux suisses (fasce
ondée = rivière = Bach ; étoile des branches bernoises et de celle de
Willisau-Land). Le vol de grue du cimier rappelle bien entendu l'ancien
comté de la Gruyère dont cet oiseau est le symbole et d'où est issue la
famille au XIIIe siècle.
Dans le canton de Lucerne, Hans Heinrich DUBACH est l'un des descendants des
DUBACH venus du Pays-d'Enhaut entre 1572 et 1595. En 1661, Heinrich DHUBACH
est cité comme mousquetaire dans une revue d'armes dans la paroisse de
Grossdietwil, petit village du comté de Willisau, englobant aussi Fischbach
et Altbüron, le village de Heinrich. La vie est très difficile en Suisse,
depuis la fin de la Guerre de Trente Ans en Alsace. En 1670, Heinrich TUBACH
vend donc ses biens pour émigrer en Alsace avec son épouse Anna Maria MEYER.
Leur fils Jost ou Jodocus (Josse), né encore en Suisse, aura une vie
mouvementée en Alsace...
En 1681, le fils de Hans Heinrich, Jost TUBACH, épouse à Ungersheim (Ht-Rhin)
Eva WEINZAEPFLEN. En 1683, le couple vit à Meyenheim : Jodocus DUBACKH est
alors cité comme parrain. L'année suivante, en 1684, le couple
DUBACKH-WIZAEPFLERin baptise un petit Joannes, toujours à Meyenheim. Hans
Heinrich DUBACH est sans doute à Issenheim, au moulin seigneurial au cours
des premières années (les RP sont incomplets pour ce village).
En 1686, Jost DUBACK est cité pour la première fois à Merxheim, à l'occasion
de la confirmation de Nicolaus SCHMIDT dont il est le parrain. C'est la
toute première apparition des DUBACH/DUBICH à Merxheim, village qui
deviendra définitivement le berceau alsacien de la famille.
Registre des confirmations de Merxheim en 1686 : le curé note Jost DUBACK
Le 23 mars 1687, pour une raison étrange, le même curé qu'en 1686,
Jean-Michel STIPPICH, inscrit le baptême de Nicolas, fils de Jost DUBICH et
d'Eva WEINZAEPFLEN dans le registre paroissial de Merxheim. Ce jour-là,
DUBACH devient DUBICH. Puis, un nouveau curé arrive à Merxheim : Jean Ulrich
HIGELIN. Celui-ci continuera d'écrire DUBICH, tel qu'il l'a sous les yeux
mais aussi tel qu'il doit croire l'entendre de la bouche des membres de la
famille (« Dub'ckh » sans doute). Cette forme perdurera jusqu'à nos jours.
En 1689, Eva WEINZAEPFLEN meurt à Merxheim. Jost se remarie alors avec Anne
Marie KIEFFER, fille du village. Le père de Jost signe alors le registre :
« Hans Heinrich DUBBAT » (cf. DUBAT et DUBATH de Rougemont). En 1691,
lorsque meurt Madeleine, fille de Hans Heinrich, âgée de vingt ans, son père
et son frère signent côte à côte « Heinrich DUBBACHT » et « Jost DUBICH » dans
le registre des sépultures de Merxheim ! En 1693, Heinrich signe, pour
l'unique fois, DUBBICHT ; en 1695, il signe à nouveau DUBACHT. Si le père
continue d'écrire son nom comme en Suisse : DUBACH ou DUBATH, voire les deux
dans la version condensée DUBACHT (illustr. ci-dessous), la seconde
génération est quant à elle passée définitivement à DUBICH.
En 1689, Heinrich DUBACK de Merxheim figure parmi les membres de la
Confrérie St. Sébastien fondée en 1661 à Niederentzen par Jean Melchior
TRUCHSESS DE RHEINFELDEN.
Registres paroissiaux de Merxheim, 1695 : l'ancêtre commun à tous les DUBICH
signe encore « Heinrich DUBACHT » longtemps après son arrivée en Alsace en
1670 et la déformation du nom en DUBICH apparue en 1687.
Notons que d'autres DUBACH sont connus en Alsace après la Guerre de Trente
Ans : à Ribeauvillé (une grande famille DUBACH-SCHÜRMANN dès 1663), à
Hirtzfelden (une Elisabeth TUBACH de Grossdietwil se marie en 1684),
Uffholtz (Caspar DUBAC est reçu bourgeois en 1685), Berrwiller (Johann
Caspar, 1693), Sainte-Croix-en-Plaine (Caspar), Rustenhart (Caspar, 1714). À
Mittelwihr, le nom deviendra même DUWA vers 1720. Ici, la famille est
originaire de l'Amt Rothenburg (LU). Souvent, l'indication « Helveta ex
ditione Lucernensis » figure dans les registres, sauf pour un Johannes
DUBACH qui est dit de Berne, à Ribeauvillé. Si le nom est DUBACH, DUBACK,
DUBAC, TUBACH, TUBAC, TABACK, THABACK, TUBACKH, DUPACH, DUBA et DUWA, il
n'est en revanche devenu DUBICH nulle part ailleurs qu'à Merxheim d'où il
s'est exporté dès 1690 sous cette forme-là vers d'autres localités. C'est ce
qui permet de distinguer les descendants du couple Hans Heinrich DUBACH et
Anna Maria MEYER, tous appelés DUBICH, des autres DUBACH venus en Alsace, où
le nom existe encore, notamment sous les formes TUBACH et DUWA.
À Rougemont déjà, certains DUBACH étaient meuniers, mais pas uniquement :
outre la possession de nombreuses terres, la famille était aussi dans le
commerce du bois, la scierie et la construction de maisons : vers 1580,
Peter DUBACH construisait des chalets. L'un de ceux qui lui sont attribués
est toujours visible : le chalet Von GRÜNIGEN/BLUM (ou ZAHLER/BLUM) bâti en
1583 à Saanen comporte le verset biblique de St Paul « Christvs ist min
Laeben und Staerben min Gwün. Philip. I. MDLXXXIII » (le Christ est ma vie
et la mort sera ma récompense), suivi des initiales du maître d'½uvre.
Mais c'est surtout Claude ou Glodo DUBACH, originaire de Rougemont et
installé à Lauenen près de Gstaad après son mariage avec Apollonia HALDI en
1608, qui construisit de nombreux chalets dans la vallée de la Sarine. Le
plus ancien, toujours existant, date de 1604 et se situe au sud de Gstaad.
Son fils (ou neveu ?), venu comme lui de Rougemont et également prénommé
Claude ou Glodo, baptisa en 1622 avec Apollonia GANDER leur fille Christina
à Saanen, puis d'autres enfants à Lauenen où il s'est installé lui aussi.
Claude le Jeune poursuivit l'½uvre de son père et laissa d'élégants chalets
dont le style réalise la transition entre la sobriété du style dit gothique
et la débauche du baroque qui fleurira bientôt dans le Saanenland.
Le Valize-Haus de Rübeldorf (quartier de Saanen), daté de 1620, est toujours
visible et signé lui aussi du nom de « GLODO DV BACH WÄRCK MEISTER » (maître
d'½uvre) gravé sur le madrier, suivi d'un avertissement montrant que le
séjour sur terre n'est rien et que seul le ciel est le salut : « Im himel
ist unser statt/ Dorum dis irdis(che) ein end hatt ». Parfois, les
inscriptions sont bilingues comme la famille DUBACH elle-même, par exemple
sur le chalet construit pour le poète Gabriel KÜBLI en 1618 (Landschaftshaus)
: « Was ich hie gmacht mit miner Kvnst hab ich von Gotes Gnad vnd Gvnst -
Glodo Dvbach Wärck Meister - Av nom de Diev seoit dovt feit [...] la paix du
ciel cest le grand bien / cil lui ne la na du tovt rien », autrement dit :
« Ce que j'ai fait ici avec mon art, c'est de la grâce et la faveur de Dieu
que je le tiens - Claude DUBACH maître d'½uvre - Au nom de Dieu soit tout
fait [...] la paix du ciel, c'est le grand bien / celui qui ne l'a, n'a du
tout rien » (l'inscription complète fait plus de cent mots). À Rougemont, « CLAVDE
DVBAC MAISTRE CHAPVIS » (chapuis = charpentier) signa un chalet en 1623 pour
les frères Pierre et Jehan ROSSIER. Le dernier de ces chalets DUBACH date de
1677 et fut construit entre Saanen et Gstaad pour Hans WEHREN. Ce chalet
n'existe plus aujourd'hui.
Détail de l'un des chalets construits par les DUBACH entre 1583 et 1677.
Ici, le Valize-Haus bâti en 1620 à Rübeldorf (Saanen).
On lit : « GLODO DV BACH WÄRCK MEISTER ».
Il reste une dizaine de chalets entre Rougemont, Saanen, Gstaad et Lauenen,
signés Glodo DUBACH père ou « der Jüngere » (le jeune) et construits entre
1604 et 1677. L'un fut construit en 1608 à Gstaad (lieu-dit Wispile) par un
autre grand maître, Franz MURI, mais les noms de ses compagnons y figurent
abrégés : parmi ceux-ci, on lit les lettres « GL DV » renvoyant à Glodo
DUBACH l'ancien.
Revenons en Alsace. À Merxheim, comme de coutume dans une partie de la
famille à Rougemont déjà, Hans Heinrich DUBACH alias Joannes Henricus DUBICH,
acquerra le moulin du village. Heinrich lèguera ce moulin à son second fils,
Jean-Jacques et son épouse Madeleine GROSS, mariés en janvier 1698. En mars
1698, Heinrich meurt à Merxheim ; son épouse Anna Maria née MEYER décèdera
en 1702. Jean-Jacques DUBICH et Madeleine GROSS, fille du prévôt Jacques
GROSS, sont les ancêtres suivants de tous les DUBICH actuels.
Après le décès d'Eve WEINZAEPFLEN en 1689, Jost, le fils aîné de Heinrich,
était parti en juin 1690 avec sa seconde épouse, la merxheimoise Marie-Anne
KIEFFER, à Issenheim où il avait signé son premier bail avec les Antonins
pour leur moulin. Avec sa troisième épouse, Elisabeth VETTER (famille de
Merxheim originaire d'Escholzmatt, dans le canton de Lucerne), il s'établira
vers 1710 à Cernay, où il aura la possibilité d'acquérir le moulin
seigneurial ou Herrenmühle. À Issenheim, au couvent des Antonins, c'est
Michel DUBICH qui lui succèdera, puis Jean DUBICH (le Joannes DUBACKH né en
1684 à Meyenheim), puis Thibaut Ier DUBICH, le fils de Jean, en 1728... Déjà
quatre générations de meuniers en Alsace : entre les moulins de Merxheim,
d'Issenheim, de Pfaffenheim et de Cernay, les hommes de la famille bougent
très souvent. Jost Ier aura une descendance à Cernay : son fils Jost II
héritera du moulin seigneurial qui reviendra ensuite à son fils Stephan Ier.
Mais la famille s'éteindra avec Stephan II, à Cernay, tout comme à Issenheim
où un DUBICH de Merxheim initiera une nouvelle branche au XIXe s., branche à
nouveau éteinte depuis 1983.
Si le nom s'est généralement fixé en DUBICH, on trouve ça et là des versions
curieuses, à Issenheim surtout, vers 1700-1710 : TUPICH, DUPIC, TUBY, DUPICH
et même DOBBICH (en 1632 et 1636, on trouve dans le RP de Lauenen, près de
Gstaad, « Glodo DOBACH », et sur un chalet de 1630, on peut lire « GLODV
DOBACH IST WÄRCKMEISTER GEWÄSEN »)... À Cernay, l'un des fils de Jost
décèdera sous le nom de Theobaldus TUWICK, en 1719 à l'âge de 11 ans. Au
XVIIIe siècle, le curé de Merxheim ROOST écrira souvent DUBIG, mais DUBICH
prévaudra. Au XIXe siècle, Thomas DUBICH sera maire de Merxheim et parrain
de l'une des cloches de l'église paroissiale sous le nom de... Thomas
DUBIQUE (donation de 1817). Ces fantaisies orthographiques auront donc eu la
vie dure !
C'est bien sûr à Merxheim, berceau alsacien de la famille, que les DUBICH
fleuriront. Jean-Jacques DUBICH (second fils de Heinrich) et Madeleine
GROSS, mariés en 1698, auront sept enfants, dont l'un, Jean, le mari
d'Apollonia KRAFFT de Raedersheim, mourra écrasé par une meule en 1744. La
descendance du nom sera assurée à la troisième génération par un autre fils
du couple : Jean Michel DUBICH (le frère de ce Jean mort en 1744) et son
épouse Madeleine HOLDER, fille du prévôt Georges HOLDER et s½ur du curé
Pierre-Paul HOLDER.
Les DUBICH se sont entre autres unis aux familles WEINZAEPFLEN, KIEFFER,
GROSS, HOLDER, KIMPFLIN, SCHMIDT, LIDOLFF, SCHERMESSER, SCHILLING, VETTER,
WILD, NIEMERICH, RIEDWEG, MARTINKEN, TORRES, HESS, HORN, RUBRECHT, MULLER,
ORY, BOEHRER, DESGRANGES, HANNAUER, ALTHAUS, BRAUN, DIENGER, GALLIATH,
SCHNEIDER, SCHEBACHER et à bien d'autres familles encore...
Plusieurs générations de meuniers, respectés au village et assez aisés, de
propriétaires terriens aussi et de premiers magistrats se succéderont à
Merxheim. À Issenheim, François-Xavier DUBICH, fils du merxheimois Étienne
DUBICH et de Marie-Thérèse MARTIN d'Issenheim, et époux de Marie-Anne Ève
SCHERMESSER, possèdera une auberge sur la Route Impériale n°83, vers 1850.
Les différents inventaires et partages après décès révèlent la possession de
nombreuses terres, vignes et autres biens, dès les premières générations
alsaciennes. Certains DUBICH étaient aussi des militaires au Régiment royal
avant la Révolution, puis sous l'Empire : deux DUBICH merxheimois furent
récompensés de la Médaille de Sainte-Hélène par Napoléon III pour avoir
combattu aux côtés de Napoléon 1er en Allemagne. Le troisième
militaire, Jean-Georges DUBICH, est décédé avant de pouvoir prétendre à
cette distinction.
Merxheim possédait plusieurs chapelles DUBICH : l'une d'entre elles se
situait le long du chemin de Rouffach (XVIIe s.). La messe y était célébrée
et un autel de la Vierge, de St Antoine de Padou et de St François d'Assise
s'y trouvaient. Mais la porte en fut fermée sur ordre de l'évêque auxiliaire
de Bâle SCHNORPFF, car les mendiants et le bétail y trouvaient refuge.
La chapelle DUBICH de la rue de Guebwiller, partie intégrante de la maison
DUBICH construite en 1681 par les Princes-Abbés de Murbach et propriété de
la famille depuis plus de deux siècles, est toujours visible. Cette chapelle
est dédiée à la Vierge Douloureuse et abrite une pietà baroque en bois
polychrome du XVIIIe siècle. Le petit cartouche qui la surmonte porte
l'inscription G. DUBICH (Georges DUBICH, époux de Marie-Anne GROSS en 1837
et maire de Merxheim), propriétaire de la maison, ainsi que la date de 1853
qui correspond sans nul doute à une restauration.
En 2003, il n'y a plus de DUBACH à Rougemont : le nom s'y est éteint vers
1692 au profit d'autres orthographes. La famille est encore représentée à
Château-d'Oex et dans la proche vallée de la Manche, au-dessus de Rougemont,
sous le nom de DUBATH, à l'heure actuelle. Les DUBAS de Suisse sont
également originaires de Rougemont où vivent aujourd'hui trois familles BACH
originaires du Gessenay voisin. Une quinzaine de familles BACH vivent à
Saanen et Gstaad, plusieurs d'entre elles exactement au même endroit qu'aux
XIIIe et XIVe siècles, au lieu-dit Ebnit.
Les DUBACH sont très nombreux en Suisse (mais peut-être pas tous de la
souche qui nous concerne), dans d'autres pays d'Europe et aux États-Unis
(près de 180 familles, en plus des variantes comme TUBACH ou DUBACK,
familles originaires de Suisse, d'Allemagne, de Lorraine...). Il existe des
familles en Allemagne (le marquis de DUBACH ou THUBACH, par exemple, arrive
en 1637 à Delémont avec les troupes protestantes), en Grande Bretagne, en
Bohême, une famille en Afrique du Sud et une en Mongolie venue de Suisse
récemment.
Quelques familles DUBACH et TUBACH vivent dans le Bas-Rhin, et en Lorraine,
il existe plusieurs familles DUBACH depuis la fin du XVIIe s., dont l'une
exploite un grand moulin. Quelques familles DUBACH vivent ailleurs encore en
France : Marne, région parisienne, Aisne, sud-ouest, etc. Quelques DUBATH
originaires du canton de Neuchâtel au XXe s. vivent en France, ainsi que
quelques familles DUBAS venues du canton de Fribourg à la fin du XVIIe s.
La branche DUBACH néerlandaise, appelée aussi en grande partie TOEBACK ou
TOEBACH, est essentiellement issue de Trub et de Niederstocken (c. de Berne,
près du lac de Thoune) d'où quelques DUBACH militaires sont partis en
garnison aux Pays-Bas et ont eu une descendance (v.1725). Leurs filles ont
eu des enfants à Grave (NL) avec les officiers suisses Von RODT (1771) et
Franz Von WATTENWYL (1769).
Les DUBICH sont quant à eux toujours florissants en Alsace, notamment à
Merxheim où ils s'établirent il y a environ 330 ans. Une branche naîtra à
Gundolsheim au XIXe s., d'autres à Guebwiller et Mulhouse, et aussi dans le
Bas-Rhin, à Scherwiller et Weyersheim, ainsi que dans le Doubs, à
Ste-Suzanne, au XXe s. Peu de DUBICH vivent en-dehors de l'Alsace.
Aux États-Unis, on connaît environ 35 familles DUBICH dont la plupart sont,
cependant, d'origine slave. Dans les États de l'est de l'Europe, les DUBICH
de Merxheim ont en effet des homonymes (à prononcer « Doubitch ») sans aucun
lien de parenté avec eux : là-bas, ce nom ne signifie pas « du Ruisseau » ou
« du Torrent » mais « du Chêne » ! Ce patronyme existe aussi en Alsace, sous
la forme DUBYK, notamment ; ses porteurs sont d'origine polonaise.
Le 26 mars 1986, les DUBICH fêtèrent leurs premières « cousinades » qui
réunirent près de 200 personnes : les descendants par les mâles du couple
Hans Heinrich DUBACH alias Jean Henri DUBICH et Anne Marie MEYER, ainsi que
leurs conjoint(e)s, se réunirent en Alsace. Josef DUBACH de Willisau (c. de
Lucerne) avait fait le voyage lui aussi, afin de représenter le nom
d'origine des DUBICH. Cette réunion de famille fut l'occasion de faire la
connaissance de nombreux cousins issus d'un même couple, venu de Suisse onze
générations plus tôt. Depuis, la douzième génération alsacienne prospère à
l'ombre de la meule exposée près de la mairie de Merxheim, seul témoin du
moulin transmis pendant plus d'un siècle de père en fils chez les DUBICH.
Cet article est un résumé de la chronique des DUBICH actuellement en cours
d'écriture et dont un exemplaire sera déposé au CDHF. Toutes remarques,
questions et suggestions sont les bienvenues.
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