Le Coran contre Wall Street
L'attaque du 11 septembre 2001 contre les deux tours du
World Trade Center à New-York et contre le Pentagone à Washington,
par des terroristes islamiques pose un problème à l'échelle du globe.
Grâce à quelques héros, passagers dans le quatrième avion, la Maison
Blanche et le Président G.W. Bush ont été épargnés.
On a voulu frapper le centre de la puissance financière des
États-Unis, considérés par les assaillants comme le Grand Satan. La
dimension religieuse ne saurait être ainsi négligée. Ce n'est pas le peuple
américain comme tel qui était visé, mais la mainmise opérée
mondialement par les puissances, qui, par le jeu des prêts à intérêt, et des
créations monétaires, ruinent nombre de pays. Sous le président Carter
par exemple, des intérêts au taux de 20 % obligeaient le remboursement
du double de la somme prêtée en 4 ans (environ). Pur et simple pillage.
L'effondrement des deux tours marque la rage de ceux qui se
considéraient comme des victimes. On les comprend, mais sans les
excuser : abattre 6000 personnes, quelle horreur.
Cela étant, on s'est trompé sur la nature de l'islam, sur sa
capacité d'engendrer de tels actes. On n'a pas voulu s'occuper du Coran
en profondeur : le musulman courant lui-même ne le connaît pas assez.
La revue Finalités s'efforce, depuis des années, d'analyser la question.
Lisez notamment Nature de l'islam : (no 244, avril 1999). On n'ose pas
entrer en matière ; on laisse se construire des mosquées en pays à base
chrétienne, ignorant les visées conquérantes sous-jacentes. Dire que
l'Arabie saoudite est une immense mosquée, et y interdire toute activité
chrétienne, quelle intolérance : voyez le comportement des Talibans en
Afghanistan...Beaucoup d'Occidentaux, les Bruxellois notamment, se
cachent la tête dans le sable : les socialistes et les athées chassent les
crucifix ; ils subiront immanquablement le croissant, la charia, etc. Ils
baisent la main que ceux d'en face ne peuvent pas encore couper.
Jean de Siebenthal
De Siebenthal Jean Jésus contemporain de Moïse 157 28.08.90 4
de Siebenthal Jean L'islam selon Georges Tartar 208 28.10.95 8
de Siebenthal Jean Un chrétien scrute le Coran 235 28.5.98 4
de Siebenthal Jean Sur l'implantation de l'islam en Suisse et en Europe 242
28.2.99 9
de Siebenthal Jean Études coraniques 243 28.3.99 3
de Siebenthal Jean Nature de l'islam 244 28.4.99 19
Debray Pierre Sur l'islamisme 211 28.1.96 3
Despot Slobodan La signification du Kosovo dans l'histoire du peuple serbe
239 28.11.98 15
Despot Slobodan Kosovo : un génocide ethnique religieux et culturel 251
28.1.2001 6
Ellul Jacques Non à l'intronisation de l'islam en France 233 28.3.98 3
Erismann Eddy L'islam conquérant 243 28.3.99 3
Erismann Eddy L'islam, toujours l'islam 245 28.5.99 1
Europrospections L'Islamisme face à l'islam 213 28.3.96 2
Guélat Denis Ecoles islamiques en Europe : la mort de l'enseignement
catholique ? 189 28.11.93 5
Revue universelle Islam, intentions relatées dans un document 218 28.10.96 2
Tartar Georges Intolérance islamique 151 28.01.90 6
Tartar Georges Les chrétiens coptes en Egypte 168 28.10.91 3
Tartar Georges Combattre le fanatisme et l'intolérance 168 28.10.91 3
Tartar Georges Parler vrai de l'islam 171 28.1.92 2
Tartar Georges Dialogue islamo-chrétien 218 28.10.96 4
On a indiqué :
Auteur, Titre, No Finalités, Date, Nbre de pages
Lettre
Centre européen d'information (CEI) Le 27 juillet 2001
Cher Monsieur,
Merci de continuer vos envois de Finalités-- une remarque
pourtant lorsque vous citez tous mes confrères et amis--Coston, de
Poncins, Upinsky, de Mattei etc.---sans un mot pourtant sur nos efforts
depuis trente ans, au CEI qui dénonçait le mondialisme (et non la
mondialisation, ce qui n'est pas la même chose) dès 1971 ! Peut-être
parce que ma publication n'abordait pas l'aspect religieux ? Mais la
spiritualité réclamée par vous comme indispensable, n'est jamais absente
de nos commentaires. La Suisse est un des pays où ma lettre a le plus
d'abonnés- et nos informations souvent inédites mériteraient d'enrichir la
connaissance de vos lecteurs, pour qu'ils ne soient pas dupes, en ces
temps de désinformation à leur apogée.
Cordialement
P. de Villemarest
La Vendomière, F-27930- Cierrey,
tél.02 32 67 00 24, fax 02 32 67 49 69.
Consulter www.radio.silence.org
NDLR. Toutes nos excuses : cf Finalités no 267 . Nous
aimerions recevoir la publication du CEI.
Droit de Cité
Monsieur François de Siebenthal
Contre de documentation civique CP 335 1001 Lausanne
Monsieur,
C'est avec plaisir que j'ai pu entendre votre intervention ce
dimanche 2 sept. à l'émission ''Droit de Cité" et ce d'autant plus que
l'institutrice-jardinière -d'enfants fribourgeoise qui estimait que les petits
enfants ne sont pas assez maternés.... c'était moi.
..
Je pense que contrairement aux discours qui nous sont servis,
tout est fait pour inciter la mère à travailler à l'extérieur. Ce n'est pas
favoriser la famille que de créer des crèches.
Celles-ci doivent être un dépannage, et non un lieu de vie
permanent pour des bébés. A chaque âge correspond une période
favorable à telle ou telle acquisition. Et jusqu'à 3 ans un enfant n'est pas
fait pour être mis en collectivité, tous les jours tôt le matin jusqu'à tard le
soir. Il a besoin d'être materné.
On entend dire que plus un enfant est mis tôt en collectivité
plus vite il sera dégourdi. C'est exact, mais dégourdi ne veut pas dire
heureux, mais plutôt agressif. Une parenthèse: Il est quand même assez
curieux d'entendre ce genre de discours quant au bienfait de la
collectivité pour le jeune enfant, alors qu'à l'encontre on rechigne à
apprendre à lire tôt. Là aussi on est à côté de la plaque car j'estime que ne
pas proposer à un enfant l'apprentissage de la lecture avant 7 ans c'est
''louper" la période favorable. Je ne crois pas que ce soit pousser un
enfant que de commencer à le familiariser avec les mots, les lettres, entre
5 et 6 ans. Lui proposer, ce n'est pas l'obliger. Mon expérience
personnelle - professionnelle et familiale - me prouve que si
l'apprentissage est fait trop tard, l'enfant aura plus de difficultés à la
lecture et de ce fait n'aura jamais de plaisir à lire. Je ne veux pas avoir
l'air de chercher le mal partout, mais l'on peut se demander dans quelle
mesure il n'y a pas une certaine volonté à fabriquer des incultes .
Ceci dit, la violence des jeunes , de plus en plus jeunes , ne
serait-elle pas une sorte de vengeance inconsciente contre le fait d'avoir
été ''mis au vestiaire" trop jeune. Même si l'enfant est bien gardé par des
tierces personnes compétentes et aimantes, ces personnes ne remplacent
pas la maman, il me semble que l'argent dépensé par l'État, les
communes en infrastructures pour la petite enfance ( j'ai cette
responsabilité au Conseil communal ) devrait être versé aux mères qui
désirent élever elles-mêmes leurs enfants mais qui n'ont pas la possibilité
de le faire pour cause financière. Le travail à temps partiel pour les
femmes serait l'idéal...Mais la vérité c'est que malgré les discours qui
noient le poisson, on ne veut pas - pour des raisons politiques - laisser
aux familles la charge de l'éducation de leurs enfants car ils
échapperaient ainsi à l'éducation donnée par des éducateurs formés dans
le moule de l'idéologie dominante.
Mais si à mon avis la '' mise au vestiaire" est la première cause
de la violence des jeunes, d'autres facteurs s'y ajoutent qui amplifient le
phénomène. Je veux parler du laxisme des adultes, des parents certes,
mais surtout des enseignants qui ont appliqué à la lettre le slogan de mai
68, ''il est interdit d'interdire". Nous le payons aujourd'hui très cher. Les
enseignants ne sont plus respectés parce qu'ils n'inspirent plus le respect.
Ils ont voulu être "copains" avec leurs élèves ... ils sont traités comme
des copains que l'on peut apostropher dans un vocabulaire très peu châtié
. On n'a que la monnaie de notre pièce.
Un troisième facteur entre en cause : la violence à la télé dont
personne me semble-t-il n'a parlé sur le plateau. Il y a des enfants, des
bébés qui sont placés devant la télé, pendant que maman est occupée,
prépare le repas...On croit, ou on fait semblant de croire parce que cela
nous arrange, que les dessins animés sont inoffensifs, Mais dans son
baby-relax l'enfant de quelques mois à qui il ne nous viendrait même pas
à l'idée de raconter une historiette tant il est incapable de la suivre, ne
comprend rien à l'histoire qui se déroule sur l'écran, mais il en retient des
images qui s'incrustent dans sa jeune mémoire; du fait de l'animation
même de l'image, Il ne fait pas la différence entre la réalité et ce qui se
passe sur l'écran.. Même dans les dessins animés les plus naïfs, il est rare
de ne pas y voir des conflits, de ne pas y entendre des cris.
Un autre facteur vient s'ajouter à tous ceux-là, c'est la présence
de nombreux enfants étrangers en provenance de pays où règne la
violence. Certains d'entre eux sont nés avec la guerre. Ils sont donc
insécurisés et ont été élevés, éduqués dans un esprit défensif si ce n'est
agressif, ajoutez à cela une inculture, voire une analphabétisation qui
n'arrange rien. Là, le rôle de l'école est primordial. Mais ce n'est pas le
laxisme cité plus haut qui va aider ces jeunes étrangers à respecter les
autres, les éducateurs , l'ensemble de la société et le pays même qui les
accueille. Pour être respecté, il faut se rendre respectable. Cela est vrai
pour les adultes qui ont la charge de l'éducation des enfants, mais cela est
vrai aussi au niveau des autorités qui nous gouvernent et qui doivent
faire respecter nos lois par tous, y compris par ceux à qui nous donnons
l'hospitalité.
ilà ce que j'aurais aimé résumer si la TSR m'avait rappelée.
Mais je crois que tous ces facteurs, à part le problème TV, ont été
abordés sur le plateau et des choses très importantes ont été dites. J'ai
retenu entre autre ce qui a été dit par la jeune mère de famille assise à
votre côté droit , qui allait un peu dans le sens de ma réflexion.
Je vous remercie de m'avoir lue et vous prie d'agréer,
Monsieur, mes salutations les meilleures.
Marie-France Oberson, 1678 Sïviriez
Au jardin de notre piété
PHILIPPE MAXENCE
Lettre à mes enfants pour leur faire aimer l'Église.
Lorsqu'il écrit à ses jeunes enfants pour leur apprendre à aimer
l'Église, Philippe Maxence accomplit un acte simple, essentiellement
humain, que les philosophes et les théologiens appellent un acte de piété.
Petite sur de la vertu de justice si souvent convoquée au tribunal des
grandes questions humaines, la piété n'a pas son éclatante renommée -
mais une vertu doit-elle vivre selon le train du monde?
Pour communiquer à ses enfants l'amour de l'Église
catholique, pour que croisse en eux un attachement fervent à son être
historique, Philippe Maxence les emmène visiter le jardin de la piété
envers l'Église visible, telle qu'elle s'exprime dans sa famille.
Cet apprentissage de l'émerveillement devant des trésors
parfois tout proches quand il s'agit de Mère Téresa ou du pèlerinage à
Chartres, parfois très anciens quand il raconte l'aventure de Saint Benoît
où chante l'esprit de la chevalerie, est résolument tourné vers l'avenir. En
inculquant à ses enfants l'amour de l'Église en pèlerinage sur la terre, il
leur apprend à avoir toujours confiance en elle et à croire qu'à la fin du
temps le Christ s'unira à son Épouse pour l'éternité.
Philippe Maxence, né en 1965, marié, six enfants, diplômé de la
Faculté libre de philosophie comparée, admirateur de Chesterton, est rédacteur en
chef de l'Homme nouveau et chroniqueur littéraire à La Nef.
Dominique Martin Morin 2- 85652- 262-9
Les deux visages du mondialisme
Mon, 23 Jul 2001
Despot <despot@bluewin.ch>
Faute de téléviseur, c'est par l'internet que j'ai suivi les
événements de Gênes. Je fixais longuement, stupéfait, les séquences
vidéo, muettes et quasi immobiles, qui défilaient péniblement dans une
petite lucarne de mon écran. Grâce à un modem lent, il me fallait méditer
sur chaque scène, extrapoler les détails, le bruit et la puanteur.
Voici quelques années, me rendant à Nice, j'avais traversé ce
grand port de la Méditerranée. Il m'a paru, alors déjà, qu'il renfermait
toute la malédiction visible et tangible du monde moderne. Des docks et
des grues disproportionnés sur une mer trouble écrasaient l'ancienne
métropole marchande, tandis que dans son dos s'enfonçaient des
quartiers miséreux ou industriels éparpillés sans ordre et sans tact sur son
berceau de collines.
Une autoroute sinueuse, passée comme un lacet de chaussure
dans une enfilade de brefs tunnels, achevait d'étrangler ce paysage où
seuls 2 à 3 % des édifices portaient encore des traces de goût, d'élégance
et d'aspiration à la beauté. Et c'est justement ce résidu d'éclat mort, avec
l'harmonie de la nature qu'on devinait sous le béton, qui m'avait rempli
de frayeur, comme une belle tête atteinte d'elephantiasis.
C'était, en un mot, l'arène idéale pour cette nouvelle et très
ancienne forme de guerre: des luttes de gladiateurs dans les fumées de
lacrymogènes et de pneus incendiés. Le néo-primitivisme n'est pas qu'un
mouvement cinématographique ou musical. Le voici dans les rues. J'ai
appris que l'on a remis en service les antiques béliers, ceux-là mêmes
qui, au moyen âge, enfonçaient les portails des forts. A présent, ils
enfoncent des cordons de police. Au même moment, en Palestine, des
bombes humaines affolent et démoralisent l'un des états les plus armés
du monde, dont le feu nucléaire est impuissant devant ces enfants qui ont
renoncé à leur vie.
A Gênes s'est déchaîné un tourbillon malicieux échappant à
tout contrôle humain. D'autant plus imprévisible qu'il se compose de
deux éléments quasi identiques, mais aux signes magnétiques opposés.
Les casseurs cassent dans le seul but de casser. Le pouvoir les réprime
dans le seul but de se protéger lui-même. Tout ce qui déborde de son
cordon sanitaire est sacrifié.
Comme, jadis, les masures des vilains hors les murs du
château. "Nous ne défendons pas l'ordre et le bien commun", disent les
20.000 policiers gênois, "mais uniquement la sécurité corporelle de
quelques huiles assemblées pour des palabres démagogiques et sans effet
autour de questions qu'elles auraient aussi bien pu régler par téléphone."
Ceux qui sont à l'intérieur du cordon et ceux qui sont dehors n'ont rien à
se dire. Aux exigences irréelles de l'extérieur répond l'optimisme irréel et
cynique des "insiders". Une offense de plus, et la bastonnade peut
continuer jusqu'à l'épuisement. Le système justifiera de nouvelles taxes,
de nouvelles atteintes à la liberté par la lutte contre l'anarchie, et
l'anarchie justifiera par le surarmement du système la démolition de
celui-ci.
Gênes, c'est le Yin et le Yang du mondialisme. Une énergie
noire et une énergie blanche se pourchassant et se mordant, enlacées,
forment un cercle parfait. Et, de part et d'autre, le noyau (cerveau) arbore
la couleur du camp adverse...
Les Noirs: anarchistes, gauchistes, trotskistes, drogués,
militants de toutes les minorités à chantage, hippies attardés, écologistes,
tiers-mondistes, enfin un "marais" d'âmes douces sincèrement
scandalisées par le monde comme il ne va pas. Un vaste front relié par
trois dénominateurs communs: 1. Le rêve d'une fraternité humaine (voire
animale, biologique) universelle, 2. le refus d'une société différenciée par
le mérite ou la naissance, 3. le rejet de toute aspiration souverainiste -
tels que le protectionnisme en économie, l'Etat-nation en politique.
Les Blancs: dirigeants politiques des pays les plus riches.
C.à.d. des gens élus à leur poste en échange d'une obéissance
inconditionnelle à l'égard de l'argent et de l'industrie (et peut-être d'autres
"lobbies" dont ce n'est pas le lieu de parler ici). En réalité, des fantoches.
Incarnations humaines d'un tyran inhumain, abstrait et sans visage:
l'économie. Et en même temps, de par leur fonction, héritiers d'une
civilisation séculaire du droit, de la liberté individuelle, du travail et de la
prospérité.
Les Blancs sont une énergie diurne: ils agissent par l'entremise
de la loi, de la police, de l'armée, des institutions publiques
universellement acceptées et financées par les impôts de chacun. Dans
leur langage irénique, il n'est question que de lutte contre les maladies,
de progrès, de croissance.
Les Noirs, énergie nocturne: leurs outils sont le désordre, la
subversion, l'incendie, le slogan, la désobéissance. Leur langage est
apocalyptique et menaçant.
Mais au coeur même de l'amibe blanche se trouve un noyau
noir. Les Blancs parlent jour, mais pensent nuit et créent la nuit. Leur
croissance, dans les faits, n'est que le chaos. Leur droit, médiatiquement
incarné dans un tribunal d'inquisition, le TPI de La Haye, n'est qu'une
massue coiffée d'une perruque. Leur prospérité se limite de plus en plus à
une étroite caste techno-économique, de même que la démocratie
athénienne tant vantée n'était que le privilège d'une minorité de citoyens
libres.
De la même manière, la cellule noire a un cerveau blanc. On y
conteste l'ordre établi, on y fume des herbes, on porte sandales et
baskets. On dort dans un sac, on embrasse tout le monde. Des pavés
fusent contre tous les symboles de l'ordre, et derrière eux, des milliers de
mémoires universitaires, d'articles, de revues, de programmes politiques,
tous acharnés à montrer l'illégitimité du régime où nous sommes... Mais
si l'on se plonge dans ces manifestes, si l'on se rappelle les origines,
l'évolution etl'encadrement politique de ce mouvement, on voit bien que
les sandales, en fait, rêvent de devenir des bottes. Qu'on y rêve d'imposer
la LOI écolo-égalitaire de la fraternité obligatoire à l'oecumène tout
entier. Qu'on voudrait avoir la même "conscience" partout. Que chaque
groupement ethnique, sexuel, biologique, y est censé avoir la même
importance.
Or, comment impose-t-on des vues aussi généreuses à un
monde spontanément inique? L'histoire l'a montré: par la matraque, la
police et la botte. Il n'y a jamais eu d'autres méthodes. Et les "casseurs"
d'aujourd'hui qui vouent leur énergie à créer du néant sont les prétoriens
du nouvel ordre écologique de demain.
Parmi les Noirs, nul ne crie: "Lâchez-nous la grappe!" Ð cri de
ralliement des réactionnaires et des nationalistes, prohibés dans ces
saturnales. Non, tous crient: "Changeons le monde!" - programme de
base de toutes les terreurs du XXe siècle. Or le chemin de la terreur est
pavé d'idéalistes...
***
Voilà, c'est ainsi que, vendredi dernier, devant les visions de
Gênes, j'ai renoué avec l'horreur ressentie en 99 lors de l'agression contre
la Serbie.
J'ai senti pourtant que ces événements mêmes étaient déjà de
l'histoire ancienne. Que nous étions plongés dans un néant plus profond
et que l'empire de la violence arbitraire avait encore gagné du terrain.
Que nous allions vers la castagne générale sans but évident et sans
coupables humainement définissables. Vers un monde d'insectes sans
tête.
Slobodan Despot
Contribution de l'abbé François Clément
aux « Journées liturgiques de
Fontgombault » 22-24 juillet 2001.
Intervention après la conférence de M. Caldecott lundi 23
juillet à 8.30 h.
Actualisation des principes anthropologiques.
En Occident, depuis la fin du Moyen âge, avec l'avènement du
nominalisme et des philosophies qui en ont découlé, l'homme est au
centre de l'univers de la pensée. Il est même, pour des néo-philosophes
comme Luc Ferry (1), la seule « transcendance » encore acceptée par
l'horizon post-moderne qui a intégré la « mort de Dieu » et le meurtre du
père. C'est dire, rien qu'à cette seule évocation, combien toute la réalité
religieuse d'aujourd'hui est nécessairement tributaire de la conception
(occidentale surtout, il est vrai) de l'homme, que nous croyons pourtant,
avec la Tradition catholique « capax Dei » et naturellement tourné vers
son Créateur (2) . Après avoir traversé la réforme tridentine, fortement
centralisatrice, qui a eu pour avantage de nous transmettre intact cet
héritage né dans un contexte différent et cristallisé pour l'essentiel après
la période carolingienne, et pour inconvénient d'opérer une sorte de
scission pratique entre le fonds intouchable, monolithique, et
«habillement » considéré comme modifiable selon le goût du jour, une
attention extrême à la validité (certes compréhensible face à ceux qui
niaient jusqu'à la substance du mystère), au détriment d'une synthèse
vivante qui sait unir intelligence respectueuse et intuition qui fait entrer
dans les mystères au-delà des mots et notions, nous voici à un tournant
de l'histoire de la liturgie. Il ne faut pas sous-estimer l'influence des
«Lumières » , qui depuis le XVIIIe siècle connaît ses représentants plus
ou moins intransigeants, qui optent pour une liturgie mettant son accent
principal sur l'aspect latreutique ou didactique ; l'enjeu est donc pour eux
et leurs successeurs une conception plénière de l'homme, ou au contraire
réductrice, tronquée. Dévotions, participation intérieure et extérieure,
faste du cérémonial, place du prêtre et de la communauté sont des
problèmes afférents à cette question. Le romantisme posera ensuite les
mêmes questions, avec des réponses et des dangers différents :
esthétisme, domination sur l'homme du sentiment, une vision
cosmologique qui tend vers le paganisme, naturalisme, etc...
Depuis les années qui ont précédé le Concile Vatican II, à la
suite du Mouvement Liturgique qui s'est efforcé de mieux comprendre et
de mettre en uvre de manière plus convaincante les rites sacrés (les
deux mots d'ordre en étaient : « ressourcement » et « aggiornamento »),
nous assistons aujourd'hui à un éclatement qui met en cause le concept
même de « liturgie romaine » : à part quelques éléments réputés
immuables, un schéma minimal plus que dépoussiéré, on se demande
parfois concrètement ce qui nous unit à nos prédécesseurs ? Faut-il donc
récuser en bloc la réflexion qui anime (ou agite, selon l'angle de vue !)
l'Église depuis un demi-siècle, en revenant à une situation antérieure
réputée après coup meilleure? On conçoit par simple bon sens que c'est
matériellement impossible (nous vivons de facto 35 ans après le
Concile), mais il n'est pas impossible, sinon souhaitable, d'en tirer
quelques leçons en s'efforçant de promouvoir un plus juste équilibre à
l'avenir.
La liturgie permet le passage entre deux mondes : le ciel de
Dieu et la terre qu'il a créée. Depuis ses origines conscientes, l'homme
s'est efforcé de l'exprimer plus ou moins adéquatement. Ses lettres de
noblesse lui viennent de l'Incarnation - le Christ est le Médiateur par
excellence, Dieu et homme; Il nous envoie son Esprit pour nous faire
entrer dans le mystère de l'Amour trinitaire. La liturgie chrétienne ne
saurait être autre chose que le reflet de ces réalités de foi. Mais si la foi
est immuable en son contenu et son objet, son expression traduite au
cours des siècles dans la Prière publique de l'Église a pu varier et
produire un «désenveloppement organique», à l'instar du dogme
surtout:« legem credendi statuat lex supplicandi », selon l'axiome bien
connu (3). Dieu « n'a pas besoin de notre louange (4), mais il nous
importe au plus haut point que ce que le Christ, Fils du Père, a voulu
pour sa Gloire et notre salut continue d'être fidèlement transmis,
profondément vécu et porteur de grâces pour toutes les générations.
Selon le constat succinct que nous venons de faire, il nous faut
avoir le courage d'un peu de lucidité. Si les réformes voulues par l'Église
ont un sens aujourd'hui, ce ne peut être qu'en continuité avec la grande
Tradition : transmettre, c'est permettre à la vie de passer. L'impossibilité
d'une involution ne concerne, certes, que l'expression de la foi et des
murs, mais le rattachement sensible aux formes reçues du passé
enracine un sens très sûr, qui n'a pas besoin d'être prouvé ni expliqué, de
l'immutabilité de la foi. Ce sont souvent des gens apparemment très
éloignés de la foi et de l'Église qui sont étonnés de constater l'abandon
d'un patrimoine d'une richesse reconnue par beaucoup comme
exceptionnelle. Peut-être est-on déjà mieux à même, après une
quarantaine d'années, de voir s'esquisser quelques analyses et lignes
d'action, avec le bénéfice d'une certaine sérénité.
1. Cerveau gauche et cerveau droit.
C'est la psychologie expérimentale qui appelle ainsi, dans
l'homme, les fonctions distinctes et complémentaires de notre intellect :
le cerveau gauche, c'est le raisonnement, la rigueur intellectuelle, le
jugement, le classement; il pose des clôtures qui empêchent de divaguer,
de se perdre. Le droit, lui, préside à ce qu'on ne peut enfermer - rêves,
intuitions, symboles, poésie. Le premier protège contre la peur et
sécurise, l'autre donne confiance à la confiance. Or, « la société
occidentale s'est progressivement engagée dans l'usage quasi exclusif du
cerveau gauche... Le mysticisme médiéval a cédé la place à une pensée
disciplinée qui, peu à peu, en est venue à colorer toute l'ambiance
sociale... Malheureusement, il favorise l'objet au lieu du sujet... Le
déséquilibre n'en est pas moins dramatique. Les actes qui fondent la vie
spirituelle, enracinée dans la confiance et l'ouverture, ont leur siège dans
le cerveau droit. Aussi l'évolution de plus en plus unidimensionnelle de
notre société a-t-elle détourné des religions, elles-mêmes prise dans le
mouvement... La consommation de sacrements on de nourriture
spirituelle ne satisfait pas l'homme complet. Celui-ci a besoin de
coordonner l'objet et le réalisme avec une autre atmosphère, une autre
dimension, une communion, du centre de son être avec la Vie, avec
l'Esprit. »(5).
Équilibre entre Transcendance et proximité, intellectuel et
intuitif, parole et silence, symbolique et notionnel: il est facile, on s'en
doute, d'accumuler les binômes qui semblent être à jamais irréductibles...
Mais ce serait là, précisément, céder à des habitudes d'analyse simpliste
dont on ne connaît que trop l'origine. La liturgie est essentiellement de
l'ordre du « faire » (cfr. l'étymologie du mot : ergon= uvre) et non du
«connaître ». Il faudrait s'efforcer de trouver dans la pratique ce qui ne
rend pas ces notions contradictoires, mais fécondes, non pas dualistes,
mais trinitaires. Ainsi, par ex., les symboles garderont toujours quelque
chose d'opaque : ils manifestent par là, précisément, leur transcendance à
la raison. Cela fait partie des « signaux non-verbaux » qui structurent
l'être souvent bien plus profondément que les idées (6).
2. « Car toujours dure longtemps ».
Ce titre évocateur est dû à la plume d'un moine mort en 1975.
Il parle dans le beau livre qu'il intitule ainsi de cette inimitable
conscience du temps qui ouvre à l'éternité qu'on trouve dans nos chers
monastères. Un des mots chers à la liturgie est « Hodie ». Eue rassemble
en un « kairos » eschatologique ce que le « chronos » mortifère ne
saurait détruire. Il faut à tout prix retrouver un silence qui n'est pas vide,
mais plénitude, un temps qui ne lasse pas parce qu'il est vrai et rempli de
beauté, au-delà des cassures que tout le monde constate et en même
temps avalise: le fixisme rigide ou la créativité sans fin ni mesure. La
continuité doit se marquer dans les gestes de foi et de piété, le patrimoine
musical, le naturel du cérémonial qui ne s'improvise pas. A l'inverse, le
mépris des formes rituelles réduit l'expérience religieuse à une dimension
purement personnelle. Une vraie liberté ne saurait se passer de règles
préétablies. Ce que l'Écriture appelle le « cur » de l'homme est à la fois
l'atelier et le sanctuaire où s'opèrent peu à peu cette synthèse et cette
harmonisation. Si la liturgie ne promeut pas une habitude de prière
paisible et d'adoration gratuite, n'a-t-elle pas manqué son but essentiel ?
3. Tradition, modernité et post-modernité.
Il fut un temps où l'argument de tradition était péremptoire. Ce
qui n'est d'ailleurs pas si sot qu'il n'y paraît : quand quelque chose dure à
travers les siècles et les civilisations, c'est qu'il contient des valeurs qui
ont quelque chose d'universel, d'intemporel. La mentalité contemporaine
ne fonctionne plus sous ce mode : elle prétend se passer de racines pour
se permettre d'inventer le monde chaque matin, à sa guise et à son profit.
Le positivisme triomphant, le mythe du progrès, l'empirisme scientifique
ont fait longtemps croire à des grands soirs à venir. Mais à cette euphorie
ont succédé des désillusions qui rendent notre société dépressive et
atteignent de plein fouet nos contemporains. Les repères intellectuels
manquent tout autant que tout ce qui, par des canaux symboliques, serait
capable de redonner un sens à l'existence. La modernité baignait dans un
laïcisme agressif et un athéisme dont Vatican Il s'est préoccupé (7) et
auquel le Concile a voulu répondre dans un certain dialogue. Mais
comme on a pu l'écrire non sans un certain humour bien britannique :
«... Malgré la merveilleuse érudition employée à la refonte des rites, les
liturgistes trouvèrent moyen de brandir le ticket gagnant de la modernité
au moment où celle-ci était devenue le postmodernisme. »(8). L'homme
auquel on a voulu alors s'adresser était-il aussi réel qu'on le prétendait ?
Et n'a-t-on pas trop considéré que la liturgie était un matériau brut que
l'on pouvait remodeler à sa guise, en étant dupe des présupposés qui
parasitaient une telle opération ?(9). Certains disent aujourd'hui que la
liturgie est trop sérieuse pour la laisser aux mains des seuls spécialistes...
Le vide spirituel est éprouvé par beaucoup de nos contemporains comme
un vertige, et ils sont prêts à accepter n'importe quelle spiritualité
ésotérique pour y pallier. Il est probable que la réforme liturgique aurait
pu avoir un visage plus paisible et respectueux de son héritage si elle
avait eu lieu 30 ans plus tard. Il semble que la hâte de certains
changements n'ait pas joué en faveur de la qualité ; une allure générale
de « révolution culturelle » n'a pas aidé à maintenir un sens perceptible
de la continuité ; certains ostracismes en sont encore aujourd'hui la
preuve plus on moins virulente.
On a beaucoup moins à craindre à présent de ne pas être
crédible parce qu'on ne peut tout expliquer. Un rituel marqué par la
«sobria ebrietas » ne rebute en général pas nos contemporains. Un
encouragement à la patience dans l'apprentissage de la liturgie fait croire
à sa valeur : l'immédiatement consommable n'a pas le même poids dans
le domaine religieux que dans le reste de la vie. A force de vouloir à tout
prix « faire parler aux rites le langage de notre temps »(10), on a cru qu'il
fallait impitoyablement pourchasser tout archaïsme (sauf s'il servait la
cause préétablie), éviter les répétitions, promouvoir une logique de type
mathématique, etc... C'était oublier que le langage de la liturgie bénéficie
d'une sagesse accumulée qui n'est pas liée à un contexte donné, parce
qu'elle est équidistante de tous les âges. C'est à l'homme éternel qu'elle
s'adresse.
4. L'homme, animal social.
Un certain existentialisme est perçu par beaucoup comme toile
de fond dans l'approche contemporaine de l'homme. Il rend
particulièrement sensible à la dignité de la personne, à sa valeur unique,
avec comme corollaire parfois négatif un subjectivisme qui interdit une
vraie et profonde communication. Le sens de la communion ecclésiale
corrige cet inconvénient; il plonge ses racines dans l'amour trinitaire.
Jamais sans doute on aura autant parlé de la dimension
«communautaire » de la liturgie, au point que celle-ci devienne auto
célébration, où le prêtre « président » impose sa personnalité, ses goûts,
ses humeurs du moment, de tout le poids de sa subjectivité, en général
inconsciemment et avec les meilleures intentions du monde... L'essentiel
n'est pas affaire de technique, mais de charité surnaturelle et de
communion spirituelle. Il est bien nécessaire de retrouver un « sensus
Ecclesiae », où chacun reçoit une place irremplaçable pour la gloire de
Dieu et le bien de tous, selon l'hymne admirable de la Dédicace : « Urbs
Jérusalem beata ... quae construitur in coelis vivis ex lapidibus ...
Tunsionibus, pressuris, expoliti lapides, suis coaptantur locis per manus
artificis, disponuntur permansuri sacris aedificiis. » Plus que de faire soimême,
il s'agit de se laisser faire.
5. Continuité perceptible ou révolution subtile ?
L'homme que l'on appelle « d'aujourd'hui » est sans doute
passablement semblable à celui d'hier et de demain. Dans les divers
courants qui s'expriment en liturgie, une chose apparaît comme de plus
en plus évidente, le tournant des années 70 a été marqué par une rupture.
Les allergies des uns et des autres ont curieusement les mêmes objets
(langue liturgique, ornements, encens, chant grégorien ... ) et la datebutoir
du 11 octobre 1962 signifie pour les uns la fin de tout, et pour les
autres le commencement de la liberté. Pour les jeunes générations, tout
cela est déjà de l'histoire, et elles sont parfois consternées par ces
combats d'arrière-garde, tout en souffrant souvent d'une médiocrité assez
généralisée. Elles ont certes besoin d'enseignement solide, mais aussi de
mystère, de sacré, de beauté, de sérieux. Quand elles le trouvent, la
différence est vite établie, mais parfois aussi se glisse un certain esprit de
consommation qui pousse au tourisme liturgique. Souvent, la réflexion
est faite que l'on a l'impression d'un black-out à peu près total sur ce qui
a précédé la réforme liturgique. Comme dans d'autres domaines touchant
le dogme ou la morale, les expressions anciennes ont été assouplies: ce
n'est pas un contenu nouveau -ce qui serait hétérodoxe-, ni une
présentation nouvelle d'un contenu identique -ce qui n'aurait guère
d'intérêt-, mais la nouveauté même de la forme devient en quelque sorte
un motif de crédibilité. Là s'enracinent tous les processus d'adaptation et
d'inculturation, ce qui est en effet un des génies propres de l'Église
catholique, mais adaptation à quoi et pour combien de temps ? La
philosophie dominante donne plus souvent dans le virtuel vite démodé
que dans l'universel qui dure.
La liturgie se doit de s'adresser à tout homme de bonne
volonté et à l'homme dans toutes ses dimensions. Elle est aussi vaste que
le Cur du Christ. Elle retentit à travers le temps comme un langage
multiforme qui ne vieillit pas quand il est humble et authentique, célébré
dans la foi qui met en contact avec le Dieu vivant. Elle est à l'image de
l'Homme-Dieu qui en est le centre et l'unique Médiateur, en tension
féconde entre le ciel et la terre. Puisse ce troisième millénaire la
renouveler de l'intérieur, guidée par l'Esprit qui conduit à la Vérité toute
entière.
NOTES COMPLEMENTAIRES.
1. Concernant la lente sédimentation de la liturgie en
Occident, on pourrait, me semble-t-il, faire une étude positive qui
établirait, à partir des sacramentaires et des Ordines Romani, p. ex,
comment un certain écrémage s'est opéré, laissant de côté ce qui était
trop marqué par des contingences historiques, pour ne garder que ce qui
transcende le temps et l'espace, et aussi quels furent les « moments de
grâce » qui permirent une cristallisation importante : l'uvre de S.
Grégoire-le-Grand, élargie par Charlemagne à tout son empire, le rôle
des grands monastères tels que Cluny, toute la culture véhiculée et
développée par les écoles cathédrales, etc...
2. Le « Mouvement liturgique » que l'on fait naître au
début du XXe siècle n'est pas une création ex nihilo. On le connaît
d'ailleurs trop souvent dans sa phase ultime entamée après la seconde
guerre mondiale, appelée « phase politique », au sens où l'on commença
alors à tailler dans le vif et à vouloir faire aboutir dans le concret la
«révolution de techniciens » qui jusque là avait opéré à huis-clos. Il faut
rendre justice à des figures telles que Dom Guéranger, que l'on a souvent
accusé à la légère de n'être qu'un représentant d'un romantisme passéiste,
une sorte de Viollet-le-Duc liturgiste. Il est beaucoup plus popularisé par
son « Année liturgique » que par ses « Institutions liturgiques », que l'on
peut considérer comme son uvre-charte. Il est certes sensible à la
beauté de la liturgie ; il puise autant dans le Moyen âge que dans
l'Antiquité ses inspirations ; sa restauration monastique et son amour des
études convergent cependant avec la liturgie dans une vive conscience de
l'Église, seule force capable de réunir une société bouleversée depuis des
décennies, et aussi de lutter contre l'individualisme de sentiment propre
au romantisme. Pour lui, la prière de l'Église est un bien de famille, et
elle est une puissance d'évangélisation par sa beauté spirituelle et la
transcendance de son langage. Il a donc pour ce côté vénérable de la
liturgie un respect sacré qui le tient à l'écart de tout excès, même
«ultramontain ». On aurait tout à gagner de revenir à cet esprit apolémique
qui prend les choses dans l'état où elles sont, humblement,
pour y entrer et les faire siennes dans un esprit d'obéissance filiale, qui a
manifestement manqué à certains spécialistes oeuvrant « au nom de
l'Eglise».
3. On parle dans le domaine dogmatique de théologie
apophatique et cataphatique ; ces catégories peuvent être appliquées à la
science liturgique, moyennant le « Lex orandi, lex credendi ». Dans cet
équilibre (qui ne saurait évidemment être seulement quantitatif) et
l'attention à cette complémentarité se clarifient beaucoup d'oppositions
apparentes ; on peut y voir en surimpression la « sobria ebrietas »,
l'invisible et le visible, Citeaux et Cluny. etc... L'humain et l'incarné sont
les canaux à travers lesquels passent l'éternel et l'ineffable: il faut à la
fois parler et se taire, chanter et prier en silence. Beaucoup de notions
seraient mieux comprises à cette lumière: participation, simplicité,
intelligibilité, communauté. Il est en tous cas dommageable de ne
privilégier qu'une alternative: on en arrive en général dans ces cas-là à ne
garder que le plus mauvais, et parfois des deux côtés à la fois. Ainsi, une
liturgie fabriquée peut être bavarde et ennuyeuse, pauvre de contenu et
d'expression, exagérément engoncée dans l'immanent et faussement
spirituelle. Or l'équilibre vient de plus haut et de plus loin: si on y croit,
parce que l'expérience nous l'a montré, on est plus naturellement
convaincant et moins préoccupé de rejoindre l'esprit du monde.
4. Certains malentendus viennent d'une méconnaissance
pratique de leurs sources -. les conflits souvent âpres qui se manifestent
autour du mystère liturgique montrent bien que l'émotif prend l'homme
beaucoup plus profondément que les idées. Or, on répond toujours au
niveau rationnel, et on se trompe d'étage. N'y a-t-il pas là un certain
orgueil de l'esprit, accompagné en général d'un profond mépris pour les
«non-spécialistes » ? Un exemple assez typique est la réponse faite à
ceux qui disent que le rite réformé de la Messe ne prend pas assez en
compte son aspect sacrificiel ; à quoi l'on rétorque: « mais si, regardez, le
mot s'y trouve là, et là... », sans avouer que beaucoup de gestes, de
représentations, de silences qui le manifestaient auparavant semblent
avoir été impitoyablement éliminés.
5. Ce qu'on demande aux acteurs de la liturgie, et en
particulier au célébrant, est trop souvent surhumain, et non surnaturel :
préoccupation constante de ce qu'il faut dire, commenter, choisir, de
l'adaptation à l'assemblée que l'on a devant soi, d'où une concentration
sur l'accessoire, et la rechercbe d'un « mieux » qui n'est jamais
satisfaisant, de la nouveauté, parce que le provisoire s'use vite.
L'intériorité est mangée par l'accessoire, et finalement, on est beaucoup
moins libre que dans une cohérence polie par les siècles. La pente de la
pauvre nature humaine incline donc de fait vers le moindre effort et la
médiocrité, ce qui provoque chez la plupart découragement, fatigue,
voire dégoût et indifférence.
Notes
1 Luc Ferry, l'Homme-Dieu, ou le sens de la vie, Grasset, Paris 1996
2 S. Thomas, Somme Théologique, Ia, q.90-102 : la question se situe
vers la fin du traité de la Trinité, comme une charnière introduisant celui de la
création ; voir aussi Ia, q. 43, 5. ad 2, et la IIae, 4, 3 et 5, 5 ; LG 12-14
3 Dz Sch 246
4 Préface commune IV du missel 1969
5 Claude Piron. Le bonheur clés en main. St Maurice 1998, pp. 283
sq.
6 cfr A. Nichols, Regard sur la liturgie et la modernité, Genève
1996, pp. 79 sq.
7 LG 19-2 1, p. ex.
8 Citation de K. Flanagan dans Aidan Nichols, Regard sur la liturgie
et la modernité, Ad Solem, Genève 1998, P.89
9 cfr le « Thesaurus » proposé par la Confédération bénédictine,
destiné à remplacer l'antiphonaire, qui s'avéra de fait impraticable.. .
10 L'expression devenue célèbre est due à Mgr A. Bugnini.
11 cfr. J. Ratzinger, Theologische Prinzipienlehre, München 1982.
pp. 15-27, ci aussi : A. Nichols, The theology of J. Ratzinger, Edinburgh 1988,
pp. 110-132. C'est aussi l'idée des théologiens du romantisme tardif de la
«Gesamtkirche », ou « Eglise totale », qui préludait à la théologie du Corps
Mystique : la liturgie est le moyen par excellence de la médiation de l'Eglise, ce
qui n'amenait nullement une révision complète des livres liturgiques, mais
seulement quelques modifications de détail : cfr A. Nichols, citation de Mgr
Sailer, op.cit, p.46
Abbé François Clément
LECTURES FRANÇAISES
Revue de la Politique française (fondée en 1957 par Henry
Coston) BP 1 F-86190 Chiré-en-Montreuil
Hommage à Henry Coston
Henry Coston, le fondateur de Lectures Françaises en 1957,
est mort le 27 juillet dernier à l'âge de 90 ans, après 75 années de travail
acharné et de luttes incessantes pour combattre les forces occultes
(sociétés secrètes, sectes de tous ordres, Franc-Maçonnerie... ) qui
détruisent la France et asservissent le monde.
Auteur d'une cinquantaine de livres et brochures il est surtout
connu pour ses uvres majeures : Le Dictionnaire de la politique
française et Les financiers qui mènent le monde (25 éditions en 40 ans).
Le n'533 (septembre 2001) de Lectures Françaises vient de lui
rendre hommage, sous la forme d'un cahier spécial de 40 pages rédigé
par vingt de ses amis et confrères écrivains et journalistes (F. Bergeron,
P. Bernardin, A. de Chanterac, A. Figueras, R. Gaucher, Ch. de La
Mazière, Pinatel, J. et Ph. Ploncard d'Assac, 1). Raffard de Brienne, Ph.
Randa, E. Ratier, P. de Villemarest ... )
Pami ces différents articles, il y a lieu de souligner
l'exceptionnelle synthèse de 11 pages de Michel Sarlon-Malassert sur le
thème : « Plus anonyme que jamais, plus vagabond que jamais, le grand
capital apatride domine le monde », qui explique bien des choses et
clarifie bien des interrogations.
Par ailleurs, en raison des événements récents qui ont secoué
les Etats-Unis le 11 septembre, la mise en pages de ce même numéro a
été modifiée en dernière minute pour y inclure un texte intitulé « Vers la
troisième guerre mondiale ? » qui exprime le sentiment de la rédaction
de Lectures Françaises sur cette actualité brûlante résumé dans cette
phrase : « Ne nous laissons pas prendre au piège dialectique qui va nous
être tendu. nous ne sommes ni pour le mondialisme ni pour l'Islain. ni
pour les Anglo-saxons ni pour les Arabes, nous sommes et nous
resterons chrétiens et français toujours ».
23
Henri Coston
Ouverture finale...
Au-delà du bavardage et de la gesticulation,
au-delà du surf sur le Net, au-delà de la mobilité
réelle ou virtuelle et de l'ubiquité, au delà de la
télématique et du multimédia, je crois qu'il existe
une communication silencieuse, un silence habité
d'une présence indicible, qui nous conduit jusqu'à la
forme suprême de communication qu'est la prière.
Extrait de la leçon d'honneur du Prof.
Pierre-Gérard Fontoillet : De Bell à Babel, le 8 mai
2001. à l'Ecole Polytechnique Fédérale de
Lausanne : cf Polyrama , juin 2001, pp. 68-70
Pierre-Gérard Fontoillet