Résister

L'attitude admise aujourd'hui pour la Suisse est la suivante : elle ne peut se défendre seule, face aux puissances environnantes, au potentiel très supérieur, de divers types : militaire, démographique, technologique, idéologique ou autre. Et cependant, elle doit, pour vivre et survivre, s'affirmer résolument dans sa volonté, sans s'aligner peureusement sur le goliathisme régnant.

On peut se reporter à notre Congrès de 1991 :

L'identité de la Suisse dans l'Europe, avec notamment les titres suivants, parus dans les Actes (épuisés) :

M. Alain Voirol : Le pacte national et sa portée (pp. 27-41). M. Pierre de Villemarest : La subversion menace-t-elle encore la Suisse ? (pp.53-60). M. Jean-Bernard Leroy : La Suisse, la France et l'Europe (pp. 61-69).M. Max Liniger : Oui à l'Europe, non à l'Euro-machin (pp.71-82). : M. Dan Dumitrescu : Un Européen de l'Est scrute la Suisse. (pp. 83-132). M, le pasteur Georges Tartar : L'islam menace-t-il notre culture ? (pp. 133-147).M. Luc de Meuron : Sept cents ans d'indépendance, cela ne suffit pas (pp. 149-155).

Les exemples de pays ayant résisté courageusement aux menaces les plus terribles ne sont pas rares : La Grèce face à la Perse, Rome face à Carthage, la Finlande des années 1940 face à l'URSS, etc.

Il arrive que la communauté subjuguée s'efface pratiquement, ou bien se réduise à un statut inférieur, de ''dhimitude''. Un article de M. Bernard Wicht suggère une possibilité mise en évidence dans des cas présents dans nos mémoires : la Suisse (1939-1945) face à la puissance des nazis (pp. 4-7) ou bien actuellement Cuba face aux USA.

Une menace particulièrement inquiétante réside dans celle consécutive aux "Lumières", manifestement diaboliques selon la volonté affichée d'un Voltaire, désireux d'Écraser l'Infâme (Jésus-Christ), avec son cortège d'horreurs, patentes lors du 10 août, dans la Terreur, dans le génocide vendéen, génératrices du Goulag au sens large. Il est profondément regrettable que nos partis ''gouvernementaux'' s'accrochent avec persistance à une démocratie d'essence ''démoncratique'', la volonté du ''peuple'' trucidant allègrement les enfants dans le sein de leur mère.

En plusieurs pays, des môles de résistance se constituent, avec la parution d'articles, de livres ou de revues vigoureux, dont nous essayons d'appuyer l'action, en en donnant des extraits. Mais il faut à toutes ces tentatives un levier, avec un point d'appui. Nous nous épuisons depuis trente années, à répéter que, sans le levier de la doctrine sociale chrétienne, joint au point d'appui du cercle d'amis se réunissant pendant une heure chaque semaine, rien ou presque ne peut se passer. Notre Manuel de la cellule trinitaire (non épuisé) peut préciser cela.

Un extrait (pp. 66-67)

15. La cellule et les malaises publics

Difficile est la vie de la société civile, et l'histoire s'abreuve de tempêtes, de menaces, d'invasions. À voir les événements concrets, on se dit souvent que tout va bien et qu'il suffit de laisser aller les choses gentiment. On récuse hautement les prophètes de malheur, les Cassandre, ou ceux qui perçoivent les coups de sape, savamment assourdis. Souvent le mal s'avance comme un loup revêtu d'une peau de mouton, plus évidente que le rapace. La peau innocente : les grands mots de liberté, d'égalité, de solidarité, de droits de l'homme, les réformes scolaires généreuses, cachant l'avidité du léviathan collectivisant. Les médias excellent dans cette tactique. Cependant, quelque parfaite que soit la dissimulation du loup sous son masque, une observation attentive laisse apercevoir les dents et les griffes.

C'est l'un des rôles de la cellule : examiner les événements avec la loupe du droit naturel et chrétien ; acquérir progressivement le flair qui sent les entorses faites au principe et fondement, qui perçoit la portée de tel article de loi, de constitution, de tel jugement ; la perspicacité qui, sans peindre à tout propos le diable sur la muraille, le sent néanmoins là où il agit en fait. Constater avec stupeur que tel périodique considéré comme ami adopte des comportements étranges, et réagir alors avec délicatesse. Constater que tel autre publie régulièrement des articles mauvais, dissolvant les communautés naturelles, et exacerbant la sensation, la concupiscence.

En face d'une situation trouble, la cellule peut agir comme celui qui doit traverser une zone marécageuse : l'éviter complètement est préférable ; si cela n'est pas possible, sonder soigneusement les passages éventuels, et les franchir hardiment. La vertu de prudence, et celle de force, permettront d'éviter l'enlisement, d'autant mieux que ces vertus auront été exercées à plusieurs.

Voici un autre extrait (pp. 68-69)

17. S'exprimer grâce à la cellule

Dans les réunions entre amis autour d'une bouteille, d'une table, la parole vient facilement et chacun s'exprime avec une certaine aisance ; certains mobilisent le temps selon leur faconde, leur mémoire, l'abondance de leurs informations ; la ligne de la discussion ondoie et passe d'un sujet à un autre qui peut diverger beaucoup ; certains se taisent le plus souvent et n'interviennent que par de courtes phrases, des mots, voire par des onomatopées seulement. Ceux qui bénéficient d'une formation adéquate dirigent en fait la discussion.

Dans les assemblées de société, dans les conseils, débats, le déroulement s'articule autrement. L'assemblée subit parfois des règles que bien peu connaissent, et qui ont été mises en évidence par Augustin Cochn notamment. Les tireurs de ficelle, dissimulés, mènent le jeu selon une tactique dont l'efficacité n'est que trop visible depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle ; ils considèrent les participants comme du « bétail à voter », qui selon l'ordonnance du débat, voteront ce qui avait été décidé avant son ouverture. Ces meneurs se sont entraînés dans les sociétés de pensée et agissent sur les ressorts de la masse, facilement aveuglée. Il suffit de brandir quelques drapeaux flamboyants, des idées mots au contenu imprécis, afin de faire passer une volonté sordide, l'appétit de luxure, de réduction en esclavage : les débats sur l'avortement sont tristement révélateurs.

Que l'assemblée soit noyautée de la sorte ou non, le membre d'une cellule qui s'y trouve saura, grâce à l'habitude provenant de l'assiduité hebdomadaire, intervenir au moment où quelque principe de droit naturel et chrétien va se trouver violé. Armé de faits précis et d'affirmations claires réglées sur la vérité, il prendra la parole de façon brève et nette. La machine aussitôt sera perturbée, bloquée même. Si la réunion est honnête, non manipulée, une même intervention fournira un apport constructif au profit des communautés naturelles. Un peu de vie trinitaire sera insufflée dans un organisme social, avec ce sel qui empêche de pourrir. Que dire alors si par la multiplication des cellules, le corps social se voit peu à peu pénétré de l'influence de la doctrine sociale de l'Église ?

Allez-vous essayer ?

Notion de rente stratégique

En attaquant l'Irak, les Etats-Unis ont tout fait pour impliquer le plus grand nombre de pays à leurs côtés, avec plus ou moins de succès, Que peuvent faire, d'après vous, les États ainsi pris entre la sommation de s'inféoder et les menaces de rétorsion ?

Je me suis posé la question : que peut faire dans un tel contexte mondial un petit État ou un État qui n'est pas une superpuissance ? En me posant cette question, j'ai développé l'idée de « rente stratégique ». De manière très simple, ce concept recouvre le fait de disposer d'une situation, d'un avantage ou d'une position qui fait que votre adversaire a besoin de vous. Cela paraît un peu théorique à première vue, mais je me suis appuyé sur la situation qu'a vécue la Suisse pendant de la Seconde Guerre mondiale, à savoir celle d'une petite nation complètement encerclée par un empire dominant alors toute l'Europe continentale. Qu'est-ce qui explique qu'elle n'ait pas été envahie ? Comment a-t-elle maintenu son indépendance face à cet empire ? Toutes les réponses sont possibles : les uns disent que les Suisses étaient totalement vendus aux Nazis, les autres qu'ils étaient de preux défenseurs des Alpes, etc. La réalité est en fait entre les deux d'un point de vue stratégique. La Suisse disposait de deux atouts auxquels elle n'avait elle-même pas pensé avant le déclenchement des hostilités : sa place financière avec sa réserve d'or était très importante, ce qui lui permettait de convertir les Reichsmarks (qui n'avaient aucune valeur sur le marché mondial) en francs or. Elle avait donc là un premier élément de négociation avec l'Allemagne nazie qui pourtant l'entourait totalement. Cet élément n'était toutefois pas suffisant pour garantir l'indépendance, car les Allemands auraient pu mettre directement la main sur les réserves d'or au lieu de faire du négoce avec les banquiers suisses. Par conséquent, un second atout est venu compléter le premier : c > est la fortification de toute la zone alpine, ceci permettait aux Suisses d'être en mesure de bloquer le passage entre le nord et le sud de la zone germano-fasciste, c'est-à-dire de bloquer tous les passages à travers les Alpes soit en faisant tout sauter, soit en livrant une défense à outrance. Cela avait nécessité un choix stratégique qui consistait à ne pas défendre la partie la plus peuplée du pays (notamment les grandes villes de Genève, Lausanne, Berne, Bâle, Zurich et Saint-Gall), mais seulement la zone des passages alpins. Et cela permettait d'avoir un avantage face à un adversaire surpuissant (la Suisse n'avait autrement aucune chance ni aucun moyen de résister militairement à l'Allemagne nazie). La Suisse a donc su jouer ses atouts et transformer son adversaire en partenaire puisque l'Allemagne avait désormais besoin d'elle comme place financière. Autrement dit, elle a su détourner la Puissance allemande qui la menaçait pour nourrir sa propre action. En termes stratégiques, la performance est donc intéressante et porteuse d'enseignements.

À partir de là, j'ai exploré la notion de « rente stratégique » et j'ai vu qu'il y avait très peu d'études sur la question. La seule qui existe à l'heure actuelle est celle de Pascal Boniface, publiée sous un titre iconoclaste : Guide du savoir nuire à l'usage des dictateurs, Il développe assez peu le concept mais donne quelques exemples qui vont dans ce sens-là. l'un d'eux m'a beaucoup frappé, l'attitude de Fidel Castro. je n'ai pas d'accointances ni avec le marxisme ni avec le castrisme, mais je trouve que ce cas est intéressant. Cuba étant soumise au blocus, Castro s'est rendu compte qu'il n'avait aucune chance face aux Etats-Unis. Conscient que l'émigration cubaine vers la Floride leur posait des problèmes, au lieu de la réprimer, ce qui aurait été l'attitude normale d'une dictature, il l'a encouragée, allant jusqu'à ouvrir les portes des prisons et des asiles psychiatriques pour envoyer cette population sur les plages de Floride. Les Américains ont demandé à Fidel Castro de contrôler cette immigration gênante, et c'est alors qu'il s'est présenté comme plus faible qu'il ne l'était, se disant incapable de gérer son propre pays. Les Américains ont proposé leur aide et l'adversaire est devenu un partenaire dans le sens où les deux pays ont commencé à entrer en négociation. Ensuite la situation a connu un développement relativement intéressant puisque même le pape est venu donner sa « bénédiction » à Cuba et Jimmy Carter est venu ensuite « saluer » ce pauvre régime cubain. Bien évidemment cette situation est extrême, quasiment caricaturale, mais je crois qu'il y a un enseignement stratégique à en tirer. Notons également qu'aujourd'hui la Corée du Nord semble adopter la même attitude en cherchant à négocier l'arrêt de son programme nucléaire contre de l'aide humanitaire.

En sortant des cas particuliers, que ce soit la Suisse lors de la Seconde Guerre mondiale ou le cas quasi ubuesque de Fidel Castro, on peut donc commencer à réfléchir sur la notion de rente stratégique. Une première piste comprend le développement d'une « stratégie des moyens », c'est-à-dire une stratégie qui viserait à se donner les capacités de négocier une marge de manoeuvre politique en contrepartie de la mise à disposition de tel ou tel avantage. Dans ce sens, la démarche consiste plutôt à faire alors le catalogue des moyens qui pourraient s'avérer déterminants (situation géographique, position économique et commerciale, progrès technologiques et scientifiques, savoir-faire spécifique, etc.) que de définir des buts politiques à atteindre. L'idée est d'identifier quelques « niches » où l'on dispose d'une compétence spécifique qui peut devenir un atout, un argument de négociation. D'un autre côté, ceci implique de se départir de ce que j'appelle la « stratégie des fins » : il faut abandonner cette stratégie clausewitzienne qui nous marque tous, que ce soit en termes militaires ou de politique étrangère, avec la logique imperturbable du Ziel, Mittel, Einsatz - but, moyen, engagement (je définis le but, je définis les moyens en fonction du but et je définis l'engagement en fonction des moyens et du but que je me suis fixe). Il faut ainsi sortir de cette logique et aborder une stratégie des moyens dans laquelle on admet que la conjoncture peut évoluer dans n'importe quelle direction mais où l'on essaie de se constituer un certain nombre d'atouts qu'on va pouvoir jouer en fonction de la situation. On aboutit ainsi beaucoup plus à un raisonnement sur les processus qu'à une pensée de l'action et de la décision. On essaie de réguler les processus, de tirer parti du potentiel de la situation et de la conjoncture, de saisir l'occasion favorable et, au besoin, de susciter cette occasion en créant les conditions propices. En termes de "moyens", je dirais même qu'il s'agit en quelque sorte de construire et d'obtenir les instruments et les outils (au sens large) nécessaires pour être capable de saisir l'opportunité lorsqu'elle se présente.

Ceci débouche sur une deuxième piste indiquant qu'à côté de la posture stratégique classique visant à soumettre l'adversaire à sa volonté (par voie directe ou indirecte), il existe aussi une posture atypique cherchant à transformer son adversaire en partenaire. Dans cette perspective, l'objectif principal n'est plus tant la poursuite de la victoire ; il s'agit beaucoup plus de « durer », de « faire le poids ». Le dessein n'étant plus de vaincre, il importe dès lors avant tout de se maintenir, d'exister stratégiquement, de survivre avec une marge de manoeuvre plus large. On passe ainsi d'une stratégie de l'action à une stratégie de l'attente où il s'agit de se donner le temps de vouloir. Il y a là tout un versant méconnu de la pensée stratégique qu'il convient de prospecter.

 

Bernard Wicht Catholica, no 82, pp .74-77

Ressources pétrolières

Dans un discours prononcé devant l'«International Petroleurn Institute» de Londres à la fin de 1999, Dick Cheney, alors président du Conseil d'administration de la plus grande entreprise de services pétroliers au monde, Halliburton, avait présenté aux initiés de la branche un tableau de l'offre et de la demande pétrolières mondiales. « Selon certaines estimations », dit Cheney, « la demande mondiale de pétrole augmentera de 2 % par an ces prochaines années, tandis que la production à partir des réserves disponibles diminuera naturellement, d'après des prévisions conservatrices, de 3 %. » Cheney conclut par cette remarque alarmante : « Il en résulte que, avant 2010, nous aurons besoin de cinquante millions de barils supplémentaires par jour. » Ce qui atteint plus de six fois la production actuelle de l'Arabie saoudite.

Ce n'était peut-être pas tout à fait un hasard que Cheney se soit vu décerner, comme première tâche de vice-président des Etats-Unis, la présidence du Comité présidentiel de l'énergie. Il connaissait l'ampleur du problème énergétique que doivent résoudre non seulement les Etats-Unis, mais le reste du monde.

Cheney est aussi devenu, avec le ministre de la défense Rumsfeld, le principal boute en guerre en Irak du gouvernement Bush. Il a poussé sans trêve à la guerre contre l'Irak, que les alliés des Etats-Unis les soutiennent ou non.

Passant en revue nos connaissances sur les réserves pétrolières mondiales et leur emplacement à la lumière de l'analyse présentée de l'apogée de la production pétrolière actuelle, on comprend pourquoi Cheney est prêt à prendre tant de risques dans les relations des Etats-Unis avec leurs alliés et d'autres pays. En tant qu'ancien président d'Halliburton Corporation, la plus grande entreprise de services pétroliers au monde, il sait exactement ce qu'est l'état des réserves pétrolières mondiales.

Le talon d'Achille des Etats-Unis

La question qui nous. préoccupe est de savoir comment générer une augmentation aussi forte du pétrole ? De 1990 à 2000, de nouvelles réserves pétrolières atteignant 42 milliards de barils ont été découvertes dans le monde. Durant la même période, l'économie mondiale a consommé 250 millions de barils.

Pendant les deux dernières décennies, seuls trois champs pétrolifères géants de plus d'un milliard de barils ont été découverts. Ils étaient situés en Norvège, en Colombie et au Brésil. Aucun de ces champs ne produit plus de 200000 barils par jour. On est loin des 50 millions de barils par jour dont le monde aura besoin.

La période de pétrole bon marché, abondant, qui a stimulé la croissance de l'économie mondiale, touche-t-elle à sa fin ? Un des points les plus importants du débat sur les raisons de l'entrée en guerre des Etats-Unis en Irak est l'ampleur des réserves pétrolières aux prix courants trouvées dans le monde. Or le débat a étonnamment peu porté sur ce problème économique aux conséquences considérables.

Selon les estimations de Colin Campbell et de K. Alekett, de l'Université d'Uppsala, cinq pays possèdent la plus grande partie des réserves mondiales et pourraient probablement combler la lacune engendrée lorsque d'autres régions dépassent leur point d'exploitation culminant. « Les cinq principaux producteurs du Moyen-Orient, à savoir les Émirats arabes unis, l'Irak, l'Iran, le Kuwait et l'Arabie saoudite, zone neutre comprise, qui disposent d'à peu près la moitié des réserves mondiales, peuvent, en tant que producteurs flexibles, combler la lacune entre la demande mondiale et ce que d'autres pays peuvent produire [... ].»2

De par les circonstances géologiques, ces cinq pays contiennent les réserves de pétrole et de gaz essentielles à la croissance économique future du monde. Dans un article paru dans l'«Oil and Gas Journal» du 7 janvier 2002, A. S. Bakhtiari, de la Compagnie nationale iranienne du pétrole, faisait remarquer que « le Moyen-Orient était simultanément la région la plus importante du globe sur le plan géostratégique et la dernière prise sur le plan énergétique : deux tiers des réserves pétrolières brutes mondiales sont concentrées dans cinq pays entourant le golfe persique. » 3

Dans une étude publiée en novembre 200 Kenneth Deffeyes, l'éminent géologue à Princeton, a écrit que « la principale question sera en quelle année la production pétrolière mondiale atteindra la pointe de Hubbert, puis diminuera constamment. Aussi bien l'analyse graphique que l'analyse par ordinateur indiquent 2004 comme année probable L'incertitude individuelle la plus importante concerne les réserves considérables de l'Arabie saoudite. »

Si l'analyse afférente à la production pétrolière maximale est exacte, elle indique pourquoi Washington est prête à risquer tan pour contrôler l'Irak et, par les bases qu'elle y implante, les cinq principaux pays pétroliers Cette analyse montre que Washington agit pa accès de faiblesse stratégique fondamentale et non par supériorité, comme on le pense souvent. Il est urgent d'entamer un débat : complet à propos du problème de l'énergie à son point culminant.

1 « The World's Giant Oilfields », Matthew R. Sim Mons, M. King Hubbert Center for Petroleum Supply Studies, Colorado School of Mines, janvier 2002.

2 Aleklett, K. et Campbell, C. L, « The Peak and Decline of World Oil and Gas Production », publié par l'Association for the Study of Peak Oil and Gas www.asponews.org.

3 Bakhtiari, A.M. Samsam, « 2002 te, sec birth of New World Energy Order, 7 janvier 2002.

4 Deffeyes, Kenneth S., «Peak of world oil production», Paper no. 83-0, Geological Society of America, Annual Meeting, novembre 200L gsa.confex.com.

Horizons et débats févr. 2004

 

Survol historique du Corps Consulaire et Diplomatique de Lausanne des années 1930 aux années 1950

 

Introduction

« Survol historique du Corps Consulaire et Diplomatique de Lausanne (CCDL) des années 1930 aux années 1950 » : que signifie ce titre à rallonge ?

À vrai dire, en octobre 2003, l'idée fut lancée de développer les activités presse et culture du CCDL. Dans ce contexte, la première surprise &endash; il y en eut d'autres par la suite &endash; fut le nombre élevé d'archives en tout genre déposées au CCDL.

Il en a résulté ce petit survol historique qui, au gré des événements, parfois tout simplement des anecdotes, essaye de restituer la vie du CCDL dans son contexte de l'époque. On y découvrira, entre autre, le rôle des Ambassadeurs, des Consuls Généraux et des Consuls Honoraires ; on y trouvera, aussi, des réponses aux questions que ce rôle soulève parfois au sujet, d'une part, des relations des Diplomates entre eux et, d'autre part, de leurs rapports avec les Autorités fédérales et cantonales.

Le secret diplomatique ayant une durée de 50 ans, le présent document s'achève au début des années 1950. Espérons que ce premier survol, qui n'a aucune prétention exhaustive, en suscitera d'autres par la suite. Espérons, également, que l'Association des Corps Consulaires en Suisse, fondée en 1932, trouve bientôt la place que lui prévoyaient ses fondateurs, il y a plus de soixante-dix ans, dans une des périodes les plus troublées du 20e siècle.

 

 

1- Archives et statuts

Le Corps Consulaire et Diplomatique de Lausanne (CCDL), qui compte aujourd'hui plus d'une centaine de membres, possède des archives qui, pour les plus anciennes d'entre elles, remontent au début des années 1930.

Le document le plus ancien découvert à ce jour s'intitule « Statuts de l'Association des Corps Consulaires en Suisse ». Il stipule notamment que l'Association a pour but de développer les relations entre, d'une part, la Confédération suisse et les Gouvernements des cantons suisses et, d'autre part, les Corps Consulaires et Diplomatiques, respectivement les États étrangers représentés par les membres de ces Corps.

À propos de cette association, un article paru en mai 1950, à Zurich, dans la revue « Archives diplomatiques et consulaires », relate : « Le mardi 28 juin 1932, eut lieu à Gunten, sur les rives du lac de Thoune, la fondation de l'Association des Corps Consulaires en Suisse ».

À vrai dire, ladite association, hormis sa fondation, ne connut pas grand-chose. En effet, les troubles de l'entre-deux-guerres, puis la Deuxième Guerre mondiale, ont en quelque sorte torpillé toute activité dès le début.

La crise économique dite « de 1929 » dura, en réalité, de fin 1929 à début 1934. De plus, en janvier 1933, des millions d'Allemands, tantôt au chômage, tantôt ruinés, portèrent le parti national-socialiste au pouvoir. Six ans plus tard, en septembre 1939, éclatait la Deuxième Guerre mondiale].

Dans une lettre du 12 mai 1950, concernant la « Journée des Consuls », le Secrétaire général du Corps Consulaire à Berne, écrit, à propos de l'association : « A cette occasion [la Journée des Consuls], une décision pourrait être prise au sujet de l'Association des Corps Consulaires en Suisse, constituée à Gunten le 28 juin 1932 (dissolution ou résurrection ?). Ce groupement n'a pas eu d'activité depuis sa naissance ».

2- Cendrillon ne viendra pas

Mais la vie des Corps Consulaires ne se limite pas à des questions quelque peu procédurières tels que les statuts.

Ainsi, dans une missive datée du 7 décembre 1937, le Consul du Brésil, s'adressant au Doyen du Corps Consulaire de Lausanne, écrit, à propos du Grand Bal annuel, devant, cette année-là, se dérouler à l'Hôtel Beau Rivage : « Je suis au regret de devoir vous informer que je n'y participerai pas, n'ayant pu décider ma femme ».

Les Consuls ont parfois deux gouvernements : d'une part, l'État pour lequel ils travaillent ; et d'autre part, leur épouse.

3- Serment dans une cathédrale

L'année suivante, très exactement le 29 mars 1938, ainsi en témoignent les archives, le Corps Consulaire de Lausanne est convié à un événement autrement plus important qu'un Grand Bal. Il s'agit de l'assermentation des membres du Conseil d'État, l'organe exécutif du canton de Vaud. La cérémonie se déroule à la cathédrale de Lausanne, ni plus, ni moins.

Les autorités entrent dans la cathédrale par le grand portail, tandis que le public y pénètre par l'entrée appelée « Le Porche des Apôtres ». Les cloches de la cathédrale sonnent pendant dix minutes. Puis, les canons lancent une salve de vingt-deux coups.

Fait surprenant dans un pays où la séparation entre l'Église et l'État est « sacrée », la cérémonie commence par une prière et s'achève par une bénédiction.

4- L'affaire des drapeaux

Un an plus tard, en 1939, éclate la Deuxième Guerre mondiale. C'est alors que survient à Lausanne ce que l'on peut appeler « L'affaire des drapeaux ». Cette affaire devient publique le 14 septembre de l'année en cours, avec l'affichage, en ville de Lausanne, d'un avis intitulé « Drapeaux et emblèmes étrangers ».

De quoi s'agit-il ? En fait, c'est le Département de justice et police du canton de Vaud qui rappelle au public, par voie d'affiche, « que l'on doit s'abstenir complètement de pavoiser avec des drapeaux ou des emblèmes de pays étrangers à l'occasion des événements militaires en cours au-delà de nos frontières ».

Pourquoi un tel avis ? Il se trouve qu'en vertu d'un accord entre les membres du CCDL, les drapeaux de tous les États représentés flottent devant les consulats lors de chaque fête nationale. Ainsi, le drapeau tricolore français, entre autres drapeaux des pays membres du CCDL, flottait un jour à Lausanne pour commémorer la fête nationale du Mexique !

À cette occasion, le Directeur de la Sûreté générale de Lausanne, lança un appel téléphonique au Consul Général de France, le Baron d'Alexandry, le priant de lui exposer les raisons pour lesquelles le drapeau tricolore flottait à la fenêtre de son bureau.

Pour résumer l'affaire, confirmons simplement que la police lausannoise redoutait de voir pavoiser les drapeaux des pays belligérants, notamment la France et l'Allemagne, à chaque victoire remportée sur le champ de bataille.

Afin de ne plus effrayer inutilement les autorités d'un pays neutre, en l'occurrence la Suisse, chaque membre du CCDL se limita à arborer le pavillon de son pays, lors de sa propre Fête nationale exclusivement, et ce jusqu'à la fin des hostilités.

Le 2 septembre 1939, la France décrétait la mobilisation générale, l'Allemagne et la Russie ayant envahit la Pologne. Ceci explique sans doute, dès le 14 du même mois, l'affichage en ville de Lausanne que nous avons évoqué ci-dessus].

5- L'armée suisse veille

En mai 1940, les consulats des pays belligérants de la Deuxième Guerre mondiale représentés à Genève sont gardés par l'armée suisse. Ayant appris la chose, le Doyen du Corps Consulaire de Lausanne, Roger de Cérenville, Consul de Belgique, sollicitera, dans une lettre du 11 mai 1940 au Chef du Département de Justice et Police du Canton de Vaud, le Conseiller d'État Antoine Vodoz, la même garde pour les consulats de Belgique, de France et d'Angleterre dans la capitale vaudoise.

Le motif invoqué est le suivant : « Chacun de ces trois consulats a en effet des archives importantes et des dossiers qu'il importe très fort de sauvegarder et de surveiller ». Le Conseiller d'État répondra favorablement à la demande du doyen.

6- La guerre finno-russe

L'année 1940, c'est la guerre entre la Finlande et la Russie qui secoue le CCDL. Me Krafft, citoyen suisse, avocat à Lausanne, officie également en qualité de Vice-Consul de Finlande pour les cantons de Fribourg, Vaud, Valais et Neuchâtel.

Nous sommes début août 1940. Or, Me Krafft appartient à la troupe territoriale I/125, qui risque d'être bientôt mobilisée en raison de la situation internationale.

Me Krafft sollicitera &endash; et obtiendra &endash; du Doyen du Corps Consulaire, qu'il intervienne auprès du Département militaire fédéral, afin que celui-ci lui accorde un congé militaire.

Le Doyen, M. Roger de Cérenville, effectuera la démarche avec succès. Pourquoi une telle demande ? Me Krafft ne devrait-il pas, comme tout citoyen suisse, se soumettre à ses obligations militaires ?

C'est qu'en réalité, Me Krafft, en sa qualité de Vice-Consul de Finlande en Suisse romande, vient de reprendre toutes les activités de secours de « l'Aide suisse à la Finlande ».

De ce fait, Me Krafft joue un rôle certes plus vital dans ses fonctions humanitaires au service de la Finlande, aux prises avec son grand voisin soviétique, qu'en qualité de simple soldat de troupe.

Rappelons qu'en novembre 1939, Staline s'attaque à la Finlande sous le prétexte d'assurer la protection de Leningrad. Les Finnois résistent avec héroïsme, sur la ligne Mannerheim, bloquant les chars soviétiques dans la neige, la forêt et les marécages ; mais ils doivent capituler au printemps 1940. Les Russes annexent les villes finlandaises de Vyborg et de Salla. Quant à Hitler, de son côté, il fait envahir le Danemark et la Norvège en avril 1940].

Pour conclure, on précisera que Me Krafft, malgré sa nationalité suisse, s'était vu accorder l'exequatur par le Conseil fédéral, ce qui lui garantissait le libre exercice de ses fonctions et l'assimilation, à cet égard, aux Consuls de nationalité étrangère.

7- Coke en Stock

Nous sommes toujours en août 1940, à l'époque où Me Krafft, Vice-Consul de Finlande, s'adresse au Doyen du Corps Consulaire. Ce même mois, un autre représentant d'un pays nordique, M. Victor Holbek, Vice-Consul Royal du Danemark à Montreux, dont le pays vient d'être envahi par les troupes de Hitler, s'adresse au Doyen en ces termes : « Comme vous le savez, le charbon n'est plus délivré que contre des cartes. La question nous préoccupe sérieusement par le fait que ma ville (sans être aussi vaste que la vôtre) consume passablement de charbon &endash; et que nous n'aurons pas assez pour l'hiver. Je me permets donc de vous demander, cher Doyen, si vous voyez la possibilité de procurer, par voie officielle, des cartes supplémentaires de coke ou de charbon pour les membres du Corps Consulaire, ce qui, naturellement, sera un bienfait particulièrement apprécié ».

M. Roger de Cérenville lui fera répondre par l'un de ses collaborateurs en ces termes : « Il [M. de Cérenville] me prie de vous dire qu'il estime ne pas pouvoir faire la démarche que vous lui demandez, parce que cette démarche se heurterait certainement à une fin de non recevoir ». A chacun ses petits soucis…

8- « Plan Wahlen » menaçant ?

Mais les préoccupations de M. Holbek ne se limiteront pas aux questions de charbon soulevées dans sa lettre de l'été 1940. En décembre de la même année, le Vice-Consul royal du Danemark s'adresse à nouveau au Doyen du Corps Consulaire, dans le cadre de l'application du « Plan Wahlen ».

En 1940, l'ingénieur agronome Frédéric Traugott Wahlen propose le plan portant son nom et qui devait permettre à la Suisse d'enrayer les risques de pénurie alimentaire durant la guerre. Son plan prévoyait, entre autres mesures, de convertir les prairies et les parcs à la culture de pommes de terre notamment].

C'est dans ce contexte que la Municipalité des Planches-Montreux envoya à ses habitants, y compris M. Holbek, une lettre concernant les mesures du plan Wahlen.

Suite à cette lettre, le Vice-Consul écrit au Doyen en termes alarmistes : « Je vous dis franchement que cette lettre me préoccupe beaucoup, car la villa consulaire est située dans un terrain escarpé qui ne se prête que par petits endroits à une culture maraîchère, de sorte qu'une culture rationnelle peut être considérée comme exclue (En ma qualité de représentant officiel du Danemark, je prie le Corps Consulaire de bien vouloir faire les démarches qui s'imposent afin d'obtenir une dispense en faveur des Consuls. J'estime, en effet, que nous avons non seulement le droit, mais aussi le devoir de défendre nos intérêts, de faire tout notre possible pour nous faire respecter et considérer davantage en Suisse, pour sauvegarder et élargir, raisonnablement, nos maigres privilèges. Ceci est tout à fait dans l'esprit de la courtoisie internationale et, aussi, dans le cadre des buts de notre Corps Consulaire ».Consulaire ».consulaires (dans la plupart des cas cette profession est non pas accessoire mais principale) ; ils n'ont pas nécessairement de formation juridique spécialisée ; ils sont libres d'accepter le poste qui leur est offert, et restent libres de démissionner.

On ajoutera ici deux points, également évoqués par Me Horneffer. Premièrement, il faut savoir qu'un Consul Honoraire peut être, en même temps, Consul Général, Consul ou Vice-Consul. Le VADE MECUM explique (p.6) : « son caractère 'honoraire' n'en est pas modifié ; cette hiérarchie est dictée habituellement par l'importance du poste, l'étendue territoriale de l'arrondissement consulaire, le nombre de nationaux à protéger, l'amplitude des intérêts économiques à défendre ».

Deuxièmement (VADE MECUM, p.6) : « L'exequatur, accordé par le Conseil fédéral [Gouvernement suisse], détermine l'entrée en fonction du Consul dans le pays 'd'admission'. Cet exequatur est demandé par la légation ou par le Gouvernement étranger s'il n'a pas de représentant diplomatique en Suisse ». L'exequatur est le décret par lequel le gouvernement d'un pays, ici, le Conseil fédéral, autorise un consul étranger à remplir ses fonctions dans ce pays.

On a vu, dans le 6ème chapitre, intitulé « La guerre finno-russe », que même un citoyen suisse, en l'occurrence Me Kraft, peut bénéficier de l'exequatur délivré par son propre pays. Quant à l'inviolabilité des archives consulaires, elle a été évoquée dans le cinquième chapitre, titrées « L'armée suisse veille ».

11- Des marchands de tapis aux mille et une nuits

Nous voici maintenant en novembre 1951. La nature des archives montre bien que la Deuxième Guerre mondiale est terminée. Plus question de s'inquiéter quand tel ou tel consulat arbore un drapeau (cf. le 4ème chapitre, « L'affaire des drapeaux ». Plus question non plus d'accrochages entre membres du Corps Consulaire (cf. 9ème chapitre, « Un Allemand se fâche »).

Durant l'automne 1951, le Doyen de Cérenville se livre à un échange de correspondance, concernant le bal de fin d'année, avec le directeur de l'Association des intérêts de Lausanne, M. P.-H. Jaccard.

Celui-ci, dans une lettre datée du 2 novembre, adresse au Doyen une proposition amusante : « …le thème prévu, «'le diadème', ne paraissant se prêter à aucun motif de décoration (…) je vous suggère d'adopter, pour le bal de cette année, le cadre des 'Mille et une nuits'. Différents marchands de tapis de Lausanne prendront certainement part à la décoration ».

À vrai dire, les contes orientaux nocturnes et les histoires de 'marchands de tapis' ne cadrent pas tout à fait avec les usages diplomatiques, ce d'autant que les personnes invitées sont généralement accompagnées de leur épouse.

Une lettre de M. de Cérenville adressée au Préfet du district de Lausanne, le 6 décembre, confirme que c'est bien un 'bal du diadème' qui aura lieu, cette année 1951, au Lausanne Palace. Il n'y aura donc pas de fantaisies déplacées. L'honneur diplomatique est sauf.

[On l'a déjà vu dans les chapitres précédents, tantôt l'histoire du CCDL est marquée par les événements, parfois tragiques, qui se déroulent à l'étranger ; tantôt elle est aux prises avec des préoccupations assez éloignées de l'actualité internationale. Ainsi, en 1951, le monde vit une situation très différente des questions de diadème et de tapis. Nous sommes en pleine guerre de Corée. De fait, à cette époque, l'histoire a failli basculer dans la Troisième Guerre Mondiale. En effet, tout commence par une guerre en Corée de juin 1950 à juillet 1953. La première année, la Corée du Nord déclenche les hostilités. Elle envahit la Corée du Sud. Les États-Unis ont aussitôt la conviction que, à travers ce nouveau conflit, les Soviétiques veulent tester la capacité de riposte américaine. Ils interviennent d'ailleurs sans tarder en Corée avec le soutien de l'ONU et de leurs alliés. L'opinion publique internationale redoute une Troisième Guerre mondiale. L'URSS n'interviendra pas en Corée. Le pire est évité. Mais à défaut d'une guerre généralisée, le monde vivra la Guerre froide, avec le rideau de fer, de la mer Baltique à la mer Adriatique ; avec, aussi, la constitution de deux blocs, Est-Ouest, et leur cortège de propagande, de subversion et de répression. La Guerre de Corée, à elle seule, fit de très nombreuses victimes : 38'500 soldats de l'ONU, Américains inclus ; 70'000 soldats sud-coréens ; deux millions de soldats nord-coréens et chinois ; et trois millions de civils].

Pour conclure sur le diadème 1951, à l'hôtel Lausanne Palace, notons cette petite anecdote, pleine d'humour britannique. Dans un mot daté du 16 novembre, M. H. E. C. Whittall, Vice-Consul de Grande-Bretagne à Montreux, répond à l'invitation du Doyen de Cérenville de la manière suivante : « Malheureusement, ma femme et moi ne pourrons pas y prendre part, car nous sommes trop éloignés de Lausanne ». En effet, quelque vingt kilomètres séparent les deux villes…

Enfin, signalons une facture retrouvée dans les archives. Elle révèle que le dîner du 8 décembre 1951 au Lausanne Palace coûta 15 francs par personne… Sans compter les frais de déplacement si l'on réside à Montreux.

12- Débat sur la « couleur consulaire »

À l'automne 1954, un petit débat sur la couleur des cartes consulaires, pour les membres du CCDL, fit l'objet d'un bref échange de correspondance entre le Consul du Grand-duché du Luxembourg et le Consul général de France.

Le premier s'exprime ainsi : « Une carte de légitimation uniforme pour toute la Suisse serait, à mon avis, préférable aux cartes actuelles délivrées par les Autorités cantonales. J'ai pu constater en effet, que les cartes établies à Berne sont roses alors que les nôtres sont de couleur crème ».

Le second répondra comme suit : « Cette affaire me semble avoir été réglée, puisque par une lettre du 20 juin 1952 du Département de Justice et Police du canton de Vaud à Monsieur le Doyen du Corps Consulaire de Lausanne, il était signalé que le Département Politique Fédéral [Affaires étrangères] prescrivait un modèle uniforme de carte ». Ce sont donc les cartes roses qui l'emporteront sur celles de couleur crème.

Ce genre de questions administratives n'a sans doute rien de dérisoire. Cela fait tout simplement partie de la vie diplomatique, au même titre que d'autres questions certes plus importantes.

[Quels événements politiques se déroulent-ils, durant ce même automne 1954, sur la scène internationale ? On l'a vu dans le chapitre précédent, la guerre de Corée s'est terminée en juillet 1953. Mais la Guerre froide continue. En octobre 1954, les accords de Londres et de Paris rendent à la République fédérale d'Allemagne sa souveraineté. Celle-ci est intégrée à l'OTAN. L'URSS réagira, en mai 1955, avec le Pacte de Varsovie, qui regroupera toutes les troupes des pays de l'Est sous commandement soviétique].

14- Diplomatie consulaire et terrorisme ?

Dans ce survol historique, nous avons déjà abordé la question des Consuls Honoraires. Avec l'exemple du Consul Honoraire de Finlande, en 1940, nous avons eu l'occasion de démontrer que leur fonction peut jouer un rôle important dans des situations internationales difficiles.

En octobre 2003, nous avons reçu un courrier qui, une fois encore, soulève la question des Consuls Honoraires et de leur fonction parfois incomprise. Le courrier, daté du 1er octobre 2003, nous a été adressé par M. Werner Stauffacher, Consul Honoraire, à Zurich, de la République tchèque.

L'affaire qui nous intéresse, dans le cas présent, a commencé il y a plus de dix ans. Elle s'est terminée par un texte paru, le 1er septembre 2003, dans le très sérieux magazine NZZ-Folio, du Groupe de presse Neue Zürcher Zeitung. De ce fait, elle est entrée dans le domaine public, elle n'est donc plus soumise au secret diplomatique et nous pouvons en faire état ici.

À l'automne 2003, le magazine NZZ-Folio affirme que le Consul Honoraire de la République tchèque, W. Stauffacher, a été traîné, plusieurs fois dans sa vie, devant les tribunaux.

Or, en réalité, W. Stauffacher n'a été confronté en justice qu'une seule fois, et ce sans rapport aucun avec son activité de Consul Honoraire. NZZ-Folio l'a du reste reconnu par la suite et s'en est excusé.

Les faits étaient les suivants : Il y a plus de dix ans, W. Stauffacher était Président du Conseil d'Administration d'une société. Il voulut œuvrer à plus de transparence dans les finances invisibles de cette société.

Le principal actionnaire, qui apparemment lavait de l'argent sale, torpilla l'initiative de W. Stauffacher en le traînant en justice. W. Stauffacher fut non seulement acquitté mais dédommagé.

Des éléments ultérieurs, ont permis d'établir, que le principal actionnaire de la société était, apparemment, un des financiers de groupes terroristes palestiniens.

Miguel Garrote

Philosophie

M. Alain Tornay a publié récemment : Eléments de philosophie comparée, aux Editions Saint Augustin, Saint Maurice 2003, dont une recension étoffée se lit dans La Nation du 6 février 2004, signée Denis Ramelet. L'importance de cette publication nous incite à la recommander vivement à nos lecteurs, pour lesquels l'auteur, professeur à Orsières, est loin d'être un inconnu. Signalons entre autres, un exposé à notre Congrès de 1975 :

Alain Tornay, Egalité, inégalité et participation

Voici un extrait de l'analyse de M. Ramelet .

La politique

...

Alain Tornay consacre ensuite deux chapitres à la politique. Comme le dit Aristote, «l'homme est par nature un animal politique». La société est donc un être naturel et non pas, comme le prétend Hobbes, un être artificiel, produit d'un contrat social, fût-il hypothétique. Cet être naturel n'est pas pour autant un être substantiel: la société subsiste dans les personnes, non l'inverse. La conception substantialiste de la société (les personnes n'existent que par la société) n'est rien d'autre que le totalitarisme. La Révolution française a hérité cette conception de Rousseau, le nazisme et le communisme, l'ont héritée de Hegel. Le totalitarisme n'est pas nécessairement violent: au-dessus des individus «s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. [ ... 1 Il travaille volontiers à leur bonheur, mais il veut en être l'unique agent», telle est la description du totalitarisme démocratique donnée par Tocqueville (cité p. 230). Le pouvoir est-il alors intrinsèquement mauvais, comme le pensent les anarchistes (Bakounine)? Non, le pouvoir est bon s'il est l'exercice d'une authentique autorité, c'est-à-dire s'il «fait grandir» celui sur qui il s'exerce'.

Alain Tornay, Elements de philosophie comparée, 2 volumes, 304 et 325 pages, 36 F chacun, Ed. St Augustin, St Maurice.

 

 

 

 

 

Le Doyen lui répondra avec le sang froid et le bon sens que voici : « Je comprends que l