Le quatrième commandement

Père, Patrie et Patrimoine

"Tu honoreras ton père et ta mère"

I - Introduction

Le quatrième commandement de Dieu est souvent présenté comme limité à l'amour et au respect dû à ses parents, en réalité il va beaucoup plus loin ; l'attachement à ses parents implique la fidélité à la famille et à cet ensemble de familles qui constitue la Patrie, qu'on l'entende dans le sens habituel, dans le sens étroit de la "petite patrie" ville ou province, ou à de grandes patries plus ou moins spirituelles telles que l'Europe pour un Français, la latinité pour un Sud-Américain etc... Et l'amour dû à la patrie débouche tout naturellement sur le respect de l'héritage, le patrimoine. Toutes ces notions sont bien combattues de nos jours par les pouvoirs en place qui ne rêvent que d'une société de déracinés, sans passé, aux seules aspirations matérielles, foule d'apatrides mus par des passions attisées au gré d'une propagande servile - pour plus de détails, lire vos journaux habituels, si vous en avez ! Il n'est pas difficile de constater, là encore, le côté résolument pervers et satanique de notre époque et des princes qui nous gouvernent, qui traquent l'amour et le respect de Dieu dans toutes ses manifestations.

II - Les parents

Ils sont, bien sûr, à la base du système si l'on peut dire puisque chacun de nous leur doit la vie naturelle et - dans la plupart des cas - la vie surnaturelle qu'ils ont tenu à nous communiquer et à développer en nos âmes. Il ne faut jamais oublier tous les soins dont nous avons été entourés, à commencer par la fatigue imposée à notre mère pendant les neuf premiers mois de notre existence, puis toutes les peines et soucis assumés pour faire de chacun de nous une personne humaine aussi achevée que possible. La phrase du pape actuel : "Il y a dans le travail tout le poids de l'amour que l'homme porte à sa famille" reste toujours à citer comme base d'une philosophie du travail... et d'une philosophie de la famille. Le livre de la Sagesse recommande de traiter ses parents avec déférence "même quand la raison les a quittés".

Reconnaissons en toute modestie que, actuellement, l'Occident dans sa partie la plus visible, n'est guère un modèle dans ce domaine. Si en Afrique et en Extrême-Orient les Anciens sont entourés d'un grand respect, le marxisme et le freudisme ont été chez nous de grands démolisseurs. Les parents sont présentés comme des attardés au pouvoir injuste et "aliénant", le "meurtre du père" est considéré comme une nécessité qui seule peut nous délivrer. Il est symptomatique que les Francs-maçons s'intitulent "les fils de la Veuve". S'il y a veuve, c'est que le mari, le Père est mort ; et chacun sait que le Père par excellence, c'est Dieu. Les fils de la Veuve sont donc ceux qui ont tué Dieu, l'ont éliminé de leur vie. Il est difficile d'être plus clair. Il faut rappeler sur ce point que toute paternité et toute maternité humaines sont à l'image de la fécondité même de Dieu, fécondité qu'Il a communiquée aux hommes, mais non aux anges, ce qui explique la rage de Satan, spécialement contre la fécondité féminine. Si l'avortement est un crime contre le cinquième commandement "Tu ne tueras point", la pilule contraceptive est une attaque directe contre la maternité - cadeau royal de Dieu à l'espèce humaine - et semble relever directement du quatrième commandement.

Il faut ajouter pour être exhaustif dans ce domaine "bien connu" que respect ne signifie pas soumission servile : l'Occident chrétien - et c'est là sa principale grandeur - a toujours été contre la soumission servile. On n'est pas tenu de suivre aveuglément toutes les opinions de ses parents et rien n'interdit une critique éclairée. L'autorité des parents est essentiellement morale et dès que l'homme est devenu adulte et qu'il a acquis une compétence particulière dans un domaine, il peut et doit l'exercer en toute liberté. Mais l'Eglise a toujours recommandé que la "correction fraternelle" se fasse dans un esprit de charité, on peut ajouter que ce que l'on pourrait appeler la "correction filiale" doit toujours comprendre charité et respect. Au reste, il en est de même de la "correction parentale" qui ne doit jamais perdre de vue l'éminente dignité des enfants en tant que personne humaine. On devrait rappeler plus souvent ce conseil de Saint Paul : "Parents, n'exaspérez pas vos enfants" qui entraîne l'exercice non seulement de l'amour paternel mais aussi de la vertu de prudence...

III - La Patrie

Voilà un mot bien dénigré de nos jours, mot qu'on n'entend plus, ni dans les discours officiels, ni dans les écoles, ni même en chaire, et peut-être serait-il bon de se demander pourquoi. Prétendre que le patriotisme est la source des guerres est une erreur des plus grossières, un des mensonges les plus éhontés, ne serait-ce que parce que tout amour véritable suppose le respect d'autrui. D'ailleurs, il n'est que de regarder l'attitude de nos bons anti-patriotes, animés d'une haine viscérale contre tout ce qui fait la grandeur de leur peuple, qui soutiennent de toutes leurs forces des terroristes et assassins de tout poil qui eux, ne s'attaquent pas à des soldats mais à des civils innocents ou à des enfants dans le sein de leur mère. Le mépris engendre la haine tout comme l'amour engendre le respect. Le vrai motif de cette aversion pour toute forme d'amour de la patrie semble bien le désir de couper les pauvres hommes de toute racine afin de mieux pouvoir les manipuler au gré de ceux qui tiennent le pouvoir.

Famille et patrie sont en effet des garants de notre personnalité propre : "On ne peut les maudire qu'avec l'accent du pays!" a-t-on dit. Tout l'ensemble de traditions qui les accompagne est un trésor accumulé dans le passé. Il ne s'agit pas - là encore - d'en être esclave et il faut toujours être prêt à écarter quelques scories, mais vouloir se former seul est une grande folie : il faudrait réinventer le langage, l'écriture et tout ce qui fait le fond de notre personnalité. Une des conséquences de l'amour de la patrie est qu'il faut être prêt à défendre la communauté dont on fait partie, le cas échéant. Les militaires sont une manifestation privilégiée de cet esprit de défense, mais aussi les gardiens de l'ordre (du garde-champêtre au gendarme en passant par les policiers) ainsi que tous ceux qui ont la charge du maintient de l'ordre public, condition d'une vie normale. Il est symptomatique là aussi que notre société accorde toute sa bienveillance aux "marginaux" et truands petits et grands, réservant sa vindicte à ceux qui sont chargés de les empêcher dans la mesure du possible d'exercer leurs lamentables activités. On a souvent l'impression que nos dirigeants et leurs thuriféraires journalistiques haïssent leur pays ! Encore une fois, tout se tient, et la cohérence de nos adversaires devrait nous ouvrir les yeux afin de nous faire mieux juger où sont nos véritables adversaires car rien n'est plus désastreux et démoralisant que de se rendre compte après de rudes combats que l'on s'est trompé d'ennemi ou - comme disent les Anglais - "que nous avons tué le mauvais cochon" !

IV - Le patrimoine

Il reste à parler du patrimoine que nous avons à défendre en maintes occasions, et il est très étendu.

Cela commence par notre langue, image et symbole de notre pensée. Apprendre à parler avec élégance et précision, à se nourrir des bons auteurs et transmettre le tout à nos enfants est un devoir important. Là encore on ne peut que constater la décrépitude actuelle dans tous les domaines : maintes "réclames" ne sont même plus écrites en français (ni en allemand, ni en espagnol, etc...) On prétend qu'il est important à notre époque d'apprendre des langues étrangères - ce qui est toujours une aventure intellectuelle passionnante ! - mais au lieu de l'enseignement d'un mode de pensée et d'une civilisation, on ne trouve dans les manuels scolaires actuels que tournures vulgaires ou impropres, idées approximatives et absence totale de profondeur de vues exprimée dans un langage qui se veut un langage "parlé" et qui n'est souvent qu'un pâle argot sombrant dans le charabia.

Cela continue aussi par tout notre héritage artistique, musique, peinture, architecture, et par le respect de notre nature et de nos paysages. Il est faux que la trop célèbre "loi de l'offre et de la demande " justifie le massacre de sites précieux sous le prétexte d'opérations financières "juteuses" et il est inadmissible qu'une industrie s'arroge le droit de tuer une rivière comme on l'a vu trop souvent. La réaction contre ces abus devient parfois outrancière et on commence à voir au nom de la "défense de l'environnement" des réglementations excessives parce qu'inadaptées et stupides, réglementations qui risquent d'avoir pour effet une fraude généralisée, mais ceci est une autre histoire.

Parmi ceux qui sont plus particulièrement chargés de susciter le respect de notre patrimoine - et de celui des autres, car provoquer chez autrui des pratiques que l'on estime condamnables chez soi est une hypocrisie sans nom, doublée d'une escroquerie si cela nous rapporte, cas des bonnes âmes qui exportent chez les nations pauvres des déchets toxiques qu'il leur serait trop onéreux de traiter chez eux ou de ces promoteurs qui couvrent de béton des sites magnifiques, uniquement parce que la loi y est moins sévère... ou plus aisément contournable ! - les enseignants ont un rôle capital puisqu'ils sont chargés de la formation des esprits. Comment dès lors ne pas déplorer le manque de tenue de beaucoup d'entre eux : tenue vestimentaire négligée, langage relâché, vulgarité agressive ? Et on peut remarquer que ce sont les desservants des mêmes idéologies que ceux qui incitent au "meurtre du père" ou qui préfèrent les malfrats aux gendarmes.

 

V - Conclusion

Ainsi, le quatrième commandement est celui de tout notre art de vivre, commandement de civilisé par essence, qui nous rattache mieux à cette terre pour qu'elle puisse servir de tremplin à notre vie future dans notre "vraie" Patrie. Sachons suppléer les manques chaque jour plus nombreux de notre civilisation pour transmettre à nos enfants le respect des autres, condition du respect de Dieu et du respect de soi-même.

Jean-Bernard Leroy

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